Pesticides Comment répandre… des nouvelles en trompe-l’œil
La quantité de pesticides vendue a baissé de 44% en 2019 par rapport à 2018 se sont félicités Didier Guillaume et Elisabeth Borne. Dit comme ça, en voilà une bonne nouvelle… Mais regardons d’un peu plus près la situation...
L’étalon de 2018 n’est pas vraiment pertinent dès lors qu’anticipant une augmentation de la redevance pour pollution diffuse, beaucoup d’agriculteurs ont acheté énormément de pesticides cette année-là… La baisse est donc à relativiser. De même, le temps plus sec de 2019, moins propice au développement de maladies, a amoindri l’achat de pesticides.
Surtout, la question qui se pose quand on parle de baisse de pesticides est de savoir quelle unité de mesure l’on prend. Dès lors que les pesticides sont de plus en plus concentrés (là où il fallait des kilos, quelques grammes produisent aujourd’hui le même impact), ce n’est pas tant la quantité vendue/le volume que l’effet/nombre de doses de produits appliqués qui importe, le NODU. C’est d’ailleurs l’unité de mesure retenue dans les plans Eco Phyto... Et de ce point de vue, les dernières données étaient loin d’être glorieuses comme l’UFC-Que Choisir et Générations futures l’ont régulièrement relevé, avec une hausse de 24% du NODU en 2018 par rapport à 2017.
La Cour des Comptes a d’ailleurs récemment épinglé la politique française de lutte contre les pesticides, en appelant à plus de transparence pour le grand public. Les communiqués des Ministres auraient ainsi gagné en honnêteté à être plus transparents sur le contexte et les modalités de mesure…
Enfin, décision emblématique de la lutte contre les pesticides, l’interdiction du glyphosate ne cesse d’être repoussée par le Gouvernement. Evoquée en 2017 pour « au plus tard 3 ans » par le Président de la République, la sortie du glyphosate est aujourd’hui encore différée… En effet, Elisabeth Borne a indiqué, le 30 juin, que ce serait avant la fin du quinquennat, soit mai 2022 ! En espérant qu’il s’agisse bien d’une promesse pour ce quinquennat.