BILLET DE LA PRÉSIDENTE

PAC Des violences inadmissibles  

Je ne suis sûrement pas le seul à qui la moutarde est montée au nez. Mardi dernier, à Dijon, nous avons assisté au énième dérapage d’un certain monde agricole, avec toujours le même jeu d’acteurs de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. Les locaux de la DREAL, Direction régionale de l’environnement, inondés, comme les rues, de lisiers et autres déchets, quelques voitures de police abîmées, chantage et pression à coup de tracteurs pour obtenir la libération de trois manifestants. En face, un préfet a condamné, mais s’est empressé d’afficher qu’il continuerait de négocier… Et pourquoi cela ? Pour peser sur une négociation en cours, potentiellement coupable de verdir la PAC !

Au-delà de l’état d’esprit qui a prévalu, il faut souligner qu’à travers ces actes, les manifestants ont clairement pointé leur ennemi : l’environnement, ne s’en prenant pas à la Direction régionale de l’Agriculture, DRAF, qui relève pourtant du Ministère de l’Agriculture qui gère les discussions européennes sur la PAC. C’est donc une nouvelle action d’abord anti-environnement que je ne peux que déplorer et condamner. Fort heureusement, cette attitude n’est pas celle de l’ensemble du monde agricole, d’autres acteurs, notamment La Confédération paysanne s’étant clairement et fortement exprimés contre cette opération, en plaidant pour un autre modèle agricole plus vertueux assurant une véritable transition vers l’agroécologie assurant un meilleur avenir aux agriculteurs comme à la nature… Car oui, le problème, récurrent depuis 20 ans, tient bien à un conservatisme malsain de la part de la FNSEA, autour d’une agriculture intensive, productiviste, incapable de se renouveler fondamentalement, cherchant en toute occasion à gagner du temps.  

Tout l’enjeu est donc là. Comment seront repartis les 9 milliards annuels de la PAC destinés aux agriculteurs français ? Si les grandes lignes se décident au niveau européen, les Etats ont une marge de manœuvre dans l’application des règles… qui sont justement en train de se discuter au ministère de l’Agriculture. Est-ce que ce dernier entend tirer le monde agricole vers des pratiques plus vertueuses en mettant en place des critères permettant de cibler les aides sur des pratiques éco-responsables ou se cantonnera-t-il à un inadmissible statu quo, habillant de vert simplement les discours ? L’UFC-Que Choisir, via les consultations, s’est mobilisée pour appeler à un changement de braquet et mettre la transition écologique au cœur des aides de la PAC. L’Europe, malgré l’annonce d’un Green Deal, peine à changer vraiment la donne. La France, pour sa part, ira-t-elle de l’avant ou va-t-elle encore s’illustrer par des reculades dans les ambitions environnementales ?

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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