BILLET DE LA PRÉSIDENTE

Interdiction des chaudières à gazAprès un coup d’arrêt salutaire, attention au coup de canif au pouvoir d’achat des consommateurs !

Au cœur de l’été, et alors que la Première ministre avait annoncé son intention de mettre fin à la commercialisation des chaudières à gaz dès 2026, l’UFC-Que Choisir s’était émue de ce projet bancal, ne tenant aucunement compte des réalités du terrain. Je ne peux donc que me réjouir de l’annonce de l’abandon du projet faite par le président de la République hier soir.

Alors qu’aujourd’hui près de 70 % des logements chauffés au gaz sont mal isolés (ce constat imposant plus que jamais de mettre le paquet sur l’accompagnement des consommateurs pour isoler les logements), contraindre les ménages à un changement de mode de chauffage avant d’isoler le bâti n’avait aucun sens, que ce soit d’un point de vue environnemental ou économique.

Ce projet se heurtait qui plus est à de nombreuses contraintes techniques : comment par exemple imposer à un consommateur de mettre en place une pompe à chaleur lorsque son logement ne dispose pas d’un espace extérieur ? De plus, quand bien même le changement de mode de chauffage serait possible, comment imposer à un ménage un reste à charge de l’ordre de 7 000 euros pour faire installer une pompe à chaleur plutôt que de remplacer sa chaudière hors d’usage ?

Que le Président ait mis un coup d’arrêt à un projet purement dogmatique est une très bonne chose. Mais je dis attention ! La politique d’incitation que souhaite mettre en place Emmanuel Macron ne doit en aucun cas mettre un coup de canif injustifié au pouvoir d’achat des consommateurs.

Augmenter les aides pour acquérir une pompe à chaleur serait pertinent, compte tenu de leur prix. Dans le même ordre d’idée, que parallèlement les aides publiques pour l’achat et l’installation d'une chaudière à gaz soient abandonnées pour renforcer le signal-prix est cohérent… mais uniquement si les consommateurs sont en mesure de véritablement réaliser un arbitrage sur le mode de chauffage.

L’UFC-Que Choisir l’a déjà indiqué dans sa réponse estivale à la consultation publique lancée sur le projet d’interdiction de remplacement des chaudières : il ne serait pas acceptable que la fin des aides sur le remplacement des chaudières s’applique à des ménages habitant un logement qui ne peut pas accueillir de pompes à chaleur. De fait, ils seraient contraints de remplacer une chaudière par une autre chaudière, et la fin de toutes les aides entraînerait pour eux un renchérissement de l’accès à un mode de chauffage fonctionnel. Dit autrement, cette fin des aides viendrait scandaleusement sanctionner leur captivité au gaz.

J’appelle donc plus que jamais le Gouvernement à moduler les aides publiques appliquées à l’achat et à l’installation d’un appareil de chauffage selon des critères pragmatiques, tenant compte des réalités du terrain et de l’enjeu écologique. Si un ménage doit impérativement remplacer sa chaudière à gaz par une autre chaudière à gaz, il convient de faire en sorte de mobiliser là aussi le signal-prix par les aides, pour qu’il s’oriente vers l’acquisition de la chaudière ayant les impacts environnementaux les moins néfastes.

Marie-Amandine Stévenin

Marie-Amandine Stévenin

Présidente de l'UFC-Que Choisir

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