BILLET DE LA PRÉSIDENTE

Indice de réparabilitéUne vraie avancée ?

Faisant suite aux annonces de la feuille de route sur l’économie circulaire, le Gouvernement vient de lancer une phase de consultation des parties prenantes afin de convenir des critères permettant le calcul dudit « indice de réparabilité ». L’affichage de celui-ci deviendra obligatoire à compter du 1er janvier 2020. De quoi allonger la durée vie de nos appareils ? Pas si simple.

Le Gouvernement s’empare de l’un des problèmes majeurs relatifs à la durabilité des produits, dénoncé de longue date par l’UFC-Que Choisir : le manque d’information des consommateurs. A ce jour, le consommateur souhaitant investir dans l’appareil le plus durable dans l’offre disponible peut seulement se baser sur sa connaissance d’une marque, le marketing effectué par celle-ci, ou le prix, ce qui est loin de répondre à ses attentes. C’est pourquoi l’UFC-Que Choisir demande depuis plusieurs années la mise en place d’un affichage uniformisé relatif à cette information. Le but est en effet de créer un cercle vertueux : étant prouvé que les consommateurs sont prêts à payer plus pour racheter moins, cette information permettrait ainsi d’orienter naturellement la demande vers les appareils les plus durables, et d’inciter les constructeurs à mettre sur le marché de tels produits.

L’Association note toutefois une différence de taille entre la mise en place d’un indice de « réparabilité », et celle d’un indice de « durabilité » qui aurait par exemple permis de garantir une durée de vie minimale de l’appareil, durant laquelle le remplacement de celui-ci aurait été de droit et gratuit en cas de défaillance. En l’état, l’indice permettra simplement au consommateur de déterminer dans quelle mesure il pourra procéder lui-même à la réparation de l’appareil. Il sera par ailleurs nécessaire que le critère du coût de la réparation éventuelle soit pris en compte dans cet indice ! Retenons toutefois que cette mesure vient en complément utile à l’information sur la disponibilité des pièces détachées, obligation obtenue dans la loi consommation de 2014, mais qui comme nous l’avions constaté, n’est encore que trop peu respectée, la faute à un décret trop vague que nous avons d’ailleurs attaqué. Il faut par ailleurs souligner qu’elle permet d’uniformiser les choses alors que des initiatives privées commençaient à être lancées (FNAC/DARTY) créant le risque d’une certaine cacophonie. En effet, comme dans tout domaine, trop d’information tue l’information. L’alimentation illustre parfaitement ce constat, avec des labels trop nombreux et des consommateurs perdus quant à leur valeur et signification réelles.

Si ma satisfaction reste mesurée au regard de ce qu’il reste à faire pour désorganiser l’obsolescence trop rapide de nos appareils, j’encourage néanmoins très fortement la mise en place de cet indice de réparabilité avec des critères de calcul clairs et ambitieux, afin qu’il constitue une source d’information transparente pour le consommateur… et qu’il soit ainsi durable !

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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