Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
Vendredi dernier, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), a publié une décision concernant le « Plan de numérotation ». Si cette décision aux multiples volets est, globalement, un pas dans la bonne direction, je suis néanmoins particulièrement choqué par la façon dont l’un des points a été traité par l’Autorité : le plafonnement des tarifs des services de renseignements téléphoniques (les fameux 118XXX…).
Jusqu’à présent, une régulation très peu contraignante a laissé toute latitude à ces services pour augmenter leurs tarifs : c’est ainsi que le prix moyen par appel (hors taxes) est passé de 88 centimes en 2006, à 5,50 euros en 2016 ! Comment s’étonner dans ces conditions que le nombre d’appels soit passé de 174 millions en 2006 à 18 millions en 2016 ? Ce chiffre reste d’ailleurs encore assez élevé compte tenu de la capacité que peuvent avoir les consommateurs d’accéder souvent sans coût aux informations qu’ils souhaitent obtenir, sur internet.
Si le profil de ceux qui utilisent toujours ces services de renseignements n’est pas connu, il est néanmoins probable que ces utilisateurs soient en partie captifs de ces services prohibitifs en raison de leur incapacité à accéder à un équivalent gratuit sur internet. Cela peut parfaitement être le cas pour les nombreuses victimes de la fracture numérique : 7,5 millions de personnes ne disposent pas d’internet, ou alors d’un internet de très mauvaise qualité, comme l’a mis en évidence l’UFC-Que Choisir dans une récente étude.
Compte tenu de ces dérives tarifaires et du profil des consommateurs victimes, il était donc indispensable de mettre en place une réelle et rapide régulation des tarifs, avec des plafonds cohérents avec le service rendu. C’est avec cet objectif consumériste en tête que l’UFC-Que Choisir a répondu à la consultation publique de l’Arcep en demandant la mise en place d’un plafond global raisonnable, une plus grande transparence sur les coûts connexes au recours aux services de renseignements téléphoniques (particulièrement la facturation de la mise en relation puis celle du temps d’appel) à défaut de la mise en place ici aussi de plafonds tarifaires, et surtout une mise en place rapide de la réforme. L’Arcep proposait en effet de laisser pas moins de deux ans aux acteurs des services de renseignements téléphoniques pour mettre en place les plafonds tarifaires. L’UFC-Que Choisir a considéré que ce délai de deux ans était bien trop clément et qu’un délai de 6 mois était préférable.
Las ! Non seulement l’Arcep n’a pas modifié à la baisse les plafonds proposés mais pis... ! Répondant aux demandes des professionnels pourtant dénuées de toute argumentation convaincante, elle a repoussé à trois ans le délai d’application ! Les dérives tarifaires, loin d’être sanctionnées, pourront donc continuer et s’amplifier jusqu’au mois d’août 2021.
Bref, il n’y a pas que les peaux qui souffrent de la chaleur… Les ambitions consuméristes en matière de renseignements téléphoniques fondent aussi comme neige au soleil. Bel été néanmoins à vous tous !
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
La force d'une association tient à ses adhérents ! Aujourd'hui plus que jamais, nous comptons sur votre soutien. Nous soutenir
Recevez gratuitement notre newsletter hebdomadaire ! Actus, tests, enquêtes réalisés par des experts. En savoir plus