Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
Sept mois après le début de la guerre en Ukraine, dans le prolongement de notre appel de mars, seize établissements financiers européens se sont engagés à réduire leurs frais de transfert jusqu’à la fin du conflit. Si je salue cette annonce, à laquelle ni les mastodontes du secteur (Western Union, MoneyGram), ni les banques françaises n’ont jugé bon de s’associer, j’attends de la Commission européenne qu’elle use de ses prérogatives pour imposer la transparence sur ces opérations, seule solution pour garantir une baisse pérenne des tarifs.
La guerre contre l’Ukraine a déclenché une crise humanitaire majeure. Depuis février, plus de 4 millions d’Ukrainiens ont quitté leur pays pour rejoindre un État de l’Union européenne. Dans ce contexte, ils sont nombreux à réaliser des transferts d’argent pour aider leurs proches qui souhaitent rester dans leur pays ou qui n’ont pas encore pu fuir la guerre.
Alors qu’on attendrait que ces fonds bénéficient pleinement à ceux qui en ont le plus besoin, cet événement tragique met en lumière que la concurrence n’a pas de prise sur les frais de transferts qui sont particulièrement chers. À titre illustratif, un envoi de 180 euros de France vers l’Ukraine coûte 13 euros en moyenne, un montant qui peut atteindre jusqu’à 44 euros selon le prestataire. Dans ce cadre, je ne peux que me réjouir de la déclaration commune de seize établissements financiers européens à réduire leurs tarifs jusqu’à la fin de la guerre.
Cette bonne nouvelle ne doit toutefois pas être un alibi à l’immobilisme pour la Commission européenne. Au-delà de la précarité des engagements professionnels qui, par nature, peuvent être amendés à tout moment, il faut souligner que les acteurs concernés par cette démarche figurent déjà parmi les mieux-disants, tant pour leur transparence tarifaire que leur prix.
J’attends de la Commission qu’elle use de ses prérogatives pour instaurer une réelle transparence sur les frais de transfert vers l’Ukraine, mais pas seulement. Cela nécessite d’instaurer des sanctions dissuasives à l’encontre des établissements financiers qui entretiennent une intolérable opacité sur le montant des frais de change qu’ils facturent. En effet, assurer les conditions d’une saine concurrence pour permettre aux consommateurs de jouer leur rôle d’arbitre du marché constitue la seule mesure de nature à faire durablement baisser les tarifs. À bon entendeur...
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
La force d'une association tient à ses adhérents ! Aujourd'hui plus que jamais, nous comptons sur votre soutien. Nous soutenir
Recevez gratuitement notre newsletter hebdomadaire ! Actus, tests, enquêtes réalisés par des experts. En savoir plus