Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
Alors que la loi AGEC prévoit la création d’un fonds destiné à encourager la réparation des produits, le Gouvernement, avec son projet de décret, réduit à néant les moyens financiers nécessaires à sa bonne mise en œuvre. Alors que le refrain d’une écologie du quotidien plébiscité par le Gouvernement résonne dans nos têtes, celui-ci fait montre de son hypocrisie quand le temps est venu de prendre des décisions concrètes…
L’enjeu est pourtant de taille. En 2019, seuls 10 % des équipements électriques et électroménagers tombés en panne hors garanties ont été réparés. Et pour cause, réparer apparaît bien trop souvent comme une solution coûteuse. Plus de 84 millions d’appareils ont donc été mis au rebut, autant d’appareils qu’il faudra remplacer, donc produire, acheminer, acheter ; autant de ressources naturelles consommées et de dépenses pour les ménages.
La loi anti-gaspillage et pour l’économie circulaire (AGEC) de février 2020 prévoyait la mise en place à partir de 2022 d’un fonds de réparation, destiné à soulager la facture des consommateurs désireux de réparer et donc d’allonger la durée de vie de leur équipement. Le dispositif était louable et bienvenu, tant pour l’environnement que le budget des ménages. Le prix reste en effet un des premiers freins à la réparation, à laquelle lui est bien trop souvent préféré le remplacement à neuf.
Mais c’est avec désarroi que je découvre le projet de décret soumis à consultation qui vide de sa substance le dispositif, initialement appelé à financer au moins 20 % du montant total des frais de réparation. D’une part, il exclut les jouets du périmètre des produits concernés, mais pire, le projet de décret entend « corriger » le seuil des 20 %. Entendez par là que, plutôt que de financer la réparation, le Gouvernement préfère abaisser l’objectif à 10 %.
L’Ademe préconisait une enveloppe annuelle croissante de 203 millions d’euros en 2022 à 259 millions d’euros en 2027, ce sont finalement 102 millions d’euros qui seront consacrés au fonds en 2028… et seulement 20 millions d’euros en 2022. L’incurie des pouvoirs publics coûte cher à la réparation ; avec un tel étêtage, les 4 millions de réparations additionnelles prévues en 2027 sont elles aussi divisées par deux.
Il est donc urgent de restaurer une ambition de consommation durable aujourd’hui en panne et de respecter tant la volonté du législateur que l’aspiration des consommateurs. D’autant plus à l’heure où l’enjeu du pouvoir d’achat devrait, en outre, guider l’action du Gouvernement.
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
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