Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
L’arrivée de l’été coïncide avec la tenue de nombreux festivals musicaux un peu partout dans l’Hexagone, l’occasion pour les organisateurs de promouvoir le cashless, moyen de paiement dématérialisé. Avec les dérives et les excès que cela comporte…
L’affluence que suscitent les grosses têtes d’affiche constitue une opportunité savamment saisie par certains festivals pour mettre en place en plus du billet d’entrée de véritables machines à cash. Le public représente une véritable manne financière pour ces événements qui exploitent le filon au maximum.
C’est notamment le cas avec l’utilisation du système cashless. Ce dispositif de paiement dématérialisé se présente sous la forme d’un bracelet ou d’une carte créditée par les festivaliers pour consommer sans espèces. Censé être un remède aux interminables files d’attente, c’est surtout une aubaine pour les organisateurs et les prestataires de services de paiement. Alors que les espèces continuent d’être plébiscitées par les Français[1], la plupart des principaux festivals[2] n’offrent aucune alternative aux spectateurs… Pire, ils imposent des frais supplémentaires qui s’ajoutent au tarif souvent salé du billet d’entrée !
Ces frais supportés par le public sont versés au prestataire de service : 1 € à 2 € pour l’activation de la puce quel que soit le montant versé. Si la somme peut sembler modique, son principe est hautement discutable. On vous oblige à payer pour un porte-monnaie électronique. En outre, la somme restante sur le compte n’est restituée que si la demande est réalisée dans un délai bien précis, le plus souvent quelques jours après l’événement, et encore si le montant restant dû est supérieur à un montant minimal. Appliqué à des centaines de milliers de personnes ce dispositif devient une véritable mine d’or !
Je ne peux que dénoncer fortement cet effet pernicieux qui dé-conscientisent les festivaliers sur la valeur de leur achat et enrichit injustement les festivals des sommes non réclamées. Je demande aux organisateurs de garantir le libre choix du moyen de paiement aux festivaliers et surtout de s’assurer de l’effectivité de la restitution au consommateur du solde non dépensé… A eux donc d’entrer en scène !
[1] https://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/scpops/ecb.op201.en.pdf
[2] Hellfest, Mainsquare Festival, We Love Green, Lollapalooza, Garorock, Pitchfork Festival, Rock en Seine ou encore The Peacock Society.
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
La force d'une association tient à ses adhérents ! Aujourd'hui plus que jamais, nous comptons sur votre soutien. Nous soutenir
Recevez gratuitement notre newsletter hebdomadaire ! Actus, tests, enquêtes réalisés par des experts. En savoir plus