Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
Décidément, en matière de bassines, ces « réserves d’eau » destinées à maintenir une agriculture intensive préjudiciable à l’environnement, le gouvernement n’aime pas la contestation…
Alors que plusieurs projets de méga-bassines en Poitou-Charentes sont contestés, notamment par les associations locales UFC-Que Choisir qui se sont associées à des recours en justice, voilà que l’État mène des campagnes d’intimidation contre les acteurs non-agricoles de l’eau, et n’hésite même pas à prendre contre eux des mesures de représailles en les excluant des instances de concertation ou en exigeant l’arrêt, voire le remboursement, des subventions qui leur sont versées. C’est ainsi que l’Association de protection d’information et d’études de l’eau et de son environnement (APIEEE) s’est vu couper une subvention et exclure des instances de concertation liées à l’eau du département des Deux-Sèvres.
L’UFC-Que Choisir des Deux Sèvres s’est également fait exclure du CODERST… Leur tort ? S’opposer fermement aux projets de méga-bassines dans la zone… Mais dans quel monde vit-on ? Certainement pas le « Monde d’après », plus respectueux de l’environnement, promis par le Président de la République après la pandémie ! En effet, ces projets de méga-bassines, que les services de l’État veulent faire passer coûte que coûte quitte à bafouer les procédures officielles d’instruction, vont à contresens de la préservation de la ressource aquatique, et participent à un inadmissible cercle vicieux : elles puisent dans des nappes phréatiques, déjà largement fragilisées, pour profiter à quelques agriculteurs intensifs, notamment de maïs particulièrement consommateur d’eau en été, qui nourrira du bétail qui accroît le changement climatique…
C’est une importante baisse des quantités d’eau pour l’aval, et elles ont des impacts non négligeables sur la biodiversité. Véritable gabegie économique (rappelons qu’elles sont financées très largement par les consommateurs via leurs factures d’eau) et environnementale, moult projets de bassines ont d’ailleurs été retoqués par la justice administrative… Plutôt que de chercher à museler les opposants, le gouvernement serait bien inspiré d’entendre leurs arguments et de relire la jurisprudence administrative sur le sujet. En cette Journée mondiale de l’eau, j’invite le gouvernement à enfin faire preuve d’un peu de retenue sur les retenues. Et s’il n’écoute pas la société civile, souhaitons qu’au moins la Justice lui fasse entendre raison.
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
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