Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
Il y a quelques jours, les eurodéputés réunis en plénière à Bruxelles se sont massivement prononcés pour une interdiction du dioxyde de titane dans toute l’Union européenne. Ce signal fort envoyé à la Commission européenne vient soutenir la suspension de l’utilisation de l’additif en France et rejoint un combat mené par l’UFC-Que Choisir depuis de nombreuses années.
Alors que le gouvernement français a décidé d’interdire le dioxyde de titane en France depuis le 1er janvier 2020 dans les seuls produits alimentaires, il est toujours bel et bien inscrit dans la liste des additifs alimentaires autorisés au niveau européen. Une situation tout simplement incompréhensible et injustifiable.
Penchons-nous quelques instants sur les bienfaits de cette substance qui justifieraient sa présence dans notre alimentation. Un intérêt nutritionnel peut-être ? Ne cherchez pas, elle n’en présente aucun. Son unique mission est de transformer l’aspect de nos aliments, en les rendant plus blancs que blancs ! À l’inverse, pour ce qui est des risques, la liste des incertitudes et des preuves indiscutables ne fait que s’allonger. Le risque étant d’autant plus grand que le dioxyde de titane est susceptible d’être présent sous la forme de nanoparticule.La dernière étude de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) vient d’ailleurs de démontrer que lorsque la substance est présente dans les aliments de la femme enceinte, l’E171 traverse la barrière du placenta pour se retrouver dans le fœtus.
Nous savons de plus que les enfants sont un public particulièrement vulnérable. En effet, le dioxyde de titane est principalement utilisé dans les aliments dont ils sont friands (bonbons, chewing-gums, chocolats et crèmes glacées). Sommes-nous prêts à leur faire courir un tel danger ?
Il s’agit donc ici d’un véritable enjeu de santé publique. Car la suspension française dans les produits alimentaires ne signifie pas que le combat est terminé, bien au contraire ! Elle prendra fin en décembre 2020 et nous appelons dès à présent le gouvernement à demander son renouvellement, mais aussi l’élargissement de l’interdiction de son utilisation dans les médicaments et les cosmétiques. Elle a toutefois le mérite de démontrer que les fabricants sont capables de s’adapter et qu’ils ont su trouver des alternatives plus sûres pour les consommateurs. Il faut désormais pérenniser la mesure, et cela passera par l’échelon européen.
En imposant leur véto aux mesures de la Commission européenne, les eurodéputés vont la contraindre à revoir sa copie. Elle attendra probablement pour cela l’avis sur la question de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) prévu pour mars 2021. Mais quand la santé des consommateurs et plus particulièrement des enfants est en jeu, l’hésitation n’est pas une option. Face aux incertitudes, un seul maître-mot : l’application du principe de précaution !
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
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