Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
Il y a quelques jours, la presse se faisait écho de la déception des consommateurs américains sur la qualité de la 5G. On a également appris qu’en Corée du Sud cette déception est également présente, avec un grand nombre de consommateurs qui reviennent à des offres 4G. Je note parallèlement que l’un des arguments avancés par les promoteurs français de la 5G est qu’il ne faut pas prendre de retard sur les pays étrangers sur son déploiement...
Un simple syllogisme aboutirait à la conclusion suivante : il ne faut pas que la déception des consommateurs français sur la 5G arrive trop tardivement par rapport à celle des consommateurs des pays ayant déjà la 5G. Trop gros, me direz-vous ? Non, car les mêmes causes provoquant les mêmes effets, côté déception les abonnés 5G en France pourraient bien être servis à très haut débit !
En effet, l’un des gros problèmes de la 5G, à propos duquel l’UFC-Que Choisir a communiqué il y a plus d’un an, est qu’elle est basée sur l’exploitation de deux fréquences proposant des débits très éloignés. Pour la fréquence 700 MHz, certains opérateurs ne peuvent proposer qu’un débit théorique maximal de l’ordre de 30 Mbit/s, quand avec la fréquence 3,5 GHz – dont les enchères viennent de s’achever – ces débits théoriques maximaux peuvent être aux alentours de 1 Gbit/s, soit 30 fois plus.
Peut-on dès lors accepter que les opérateurs puissent communiquer de façon indifférenciée sur la 5G, alors que cette technologie présente une énorme disparité de qualité selon la fréquence utilisée ? D’autant que l’une d’entre elles proposera des débits parfois très sensiblement inférieurs à ceux de la 4G (le téléphone restera alors vraisemblablement scotché au réseau 4G).
La réponse à cette question est tellement évidente que l’UFC-Que Choisir a considéré dans un premier temps que l’Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP) ne laisserait pas aux opérateurs la capacité de proposer des cartes de couverture 5G ne différenciant pas la 5G selon sa qualité.
Pourtant, force est de constater que l’évidence n’est pas celle-ci, mais résulte du constat suivant : l’ARCEP, malgré d’innombrables alertes de l’UFC-Que Choisir, n’a pas encore établi de mesures imposant aux opérateurs la transparence sur les cartes de couverture, sur la base d’un même cahier des charges permettant la comparaison, s’en remettant à un simple code de bonne conduite reposant sur la seule bonne volonté des opérateurs.
Je dis aujourd’hui à l’ARCEP qu’il n’est pas trop tard pour agir, puisque la commercialisation de la 5G ne devrait pas intervenir avant décembre. Je lui dis également que son action doit passer par une décision juridiquement contraignante, et pas par un gentillet code de bonne conduite. Nous préférons prévenir avec une dissuasion efficace, que guérir. Je lui dis enfin que si une confusion entretenue par les cartes de couverture 5G devait causer une déception chez les consommateurs ayant souscrit un abonnement 5G, elle ne pourra pas faire celle qui ne savait pas…
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
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