Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
Alors que les parlementaires devront acter, ou non, d’ici la fin de la semaine, la résiliation à tout moment de l’assurance emprunteur dans le cadre de l’examen du projet de loi ASAP, je m’indigne des manœuvres éhontées du lobby bancaire.
Non contentes de décourager, au vu et au su de tous, les emprunteurs qui tentent de solliciter la concurrence, voilà que les banques court-circuitent en coulisse le Comité consultatif du secteur financier, auquel l’UFC-Que Choisir participe. En effet, c’est avec la plus grande stupéfaction que j’ai constaté que les travaux préliminaires du comité sur le bilan du libre-choix de l’assurance emprunteur ont fait l’objet de fuites organisées auprès des parlementaires. Et de fuites très partielles, vous vous en doutez ! Les lobbyistes des opposants à la liberté de choix ont ainsi sélectionné de rares passages, bien peu représentatifs du document complet, pour essayer de convaincre des députés de faire barrage à cette avancée. Et c’est ainsi qu’Eric Woerth, le Président de la commission des Finances de l’Assemblée, tire la risible conclusion que la captation par les banques de 87,5 % des contrats d’assurances emprunteur s’expliquerait par « un choix des consommateurs » pour « des raisons de simplicité ».
Bien que l’on connaisse parfaitement ce qui anime le secteur, à savoir conserver des marges exorbitantes dénoncées pour la première fois par l’UFC-Que Choisir, on ne saurait admettre de telles tentatives de manipulations. Disons-le clairement : si le marché est encore jalousement détenu par les assureurs acoquinés aux banques, cela n’a rien à avoir avec un quelconque « choix » des consommateurs. Bien au contraire, alors qu’ils peuvent économiser chacun jusqu’à plusieurs milliers d’euros en faisant jouer la concurrence, il faut y voir la persévérance des mauvaises pratiques maintes fois constatées (absence de réponse à une demande de substitution, demandes imprécises ou injustifiées, refus de substitution non fondés) et trop rarement sanctionnées.
En conséquence, j’espère des parlementaires qu’ils adoptent une fin heureuse à ce triste feuilleton. Pour cela, je les invite à ne pas faiblir dans leur volonté de conforter le droit à la résiliation à tout moment. Connue des consommateurs et pratiquée par les professionnels sur de nombreux secteurs de l’assurance (habitation, automobile, complémentaire santé prochainement), la résiliation à tout moment constitue l’antidote idoine au cadenassage de ce marché.
Edit : le grossier lobby bancaire mis en échec ! Lors de l’examen en séance publique du projet de loi ASAP ce vendredi 2 octobre, l’Assemblée nationale a entendu l’alerte lancée par l’UFC-Que Choisir et a maintenu le dispositif de résiliation à tout moment des contrats d’assurance emprunteur. Toutefois, les parlementaires devront très bientôt se prononcer à nouveau sur ce dispositif. Restons mobilisés !
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
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