BILLET DE LA PRÉSIDENTE

Assurance auto/moto et Covid-19Une première victoire pour les assurés !

Il est décidément bien difficile de faire respecter les droits des consommateurs durant cette crise. Alors que la majorité des compagnies aériennes continuent de refuser d’appliquer le droit à remboursement des vols annulés, voilà que les assureurs auto/moto rechignent à rétrocéder aux assurés la manne financière liée aux sinistres qui n’auront pas lieu. 

Avec les chutes drastiques de la circulation et des accidents de la route (- 91 % depuis la mi-mars), les assureurs profitent à plein du confinement puisque les deux tiers des cotisations sont habituellement affectés à l’indemnisation des sinistres. Dès lors, la situation occasionne des économies considérables pour le secteur. Selon nos calculs, réalisés à partir d’une reprise à plein du trafic à la mi-juillet, ce n’est ainsi pas moins de 2,2 milliards qui devraient être rétrocédés aux assurés, soit une baisse de 50 euros par automobile et 29 euros par moto. De quoi conforter leur budget alors qu’ils s’acquittent de près de 500 euros de cotisations TTC par véhicule.

Pressée par Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie et de Finances, de rendre ces sommes aux assurés, la Fédération Française de l’Assurance (FFA) a contesté notre analyse, sans craindre visiblement de grossir le trait. Alors que le Code des assurances prévoit que « l’assuré a droit en cas de diminution du risque en cours de contrat à une diminution du montant de la prime », la FFA nous oppose une exégèse évasive d’un texte pourtant limpide. Plus grave encore, elle nous accuse de porter atteinte au sacro-saint principe de mutualisation des risques, qui veut que ceux qui n’ont pas de sinistre (d’accident en l’occurrence) paient pour ceux qui en auront connu un. Bien au contraire, c’est parce qu’il s’agit d’une baisse générale, et non individuelle, du risque que nous demandons aux assureurs la rétrocession de ces économies. Dans cette logique, nous entendons qu’elles profitent à tous, à ceux qui sont confinés mais également aux travailleurs qui ont continué à circuler, conformément au principe de mutualisation. Alors je m’indigne que la FFA veuille réduire notre initiative au cas (bien hypothétique du reste) d’un assuré qui, parce qu’il n’aurait pas connu de dégât des eaux au cours de l’année, demanderait un remboursement de sa prime d’assurance habitation ! La caricature et la dénaturation ne feront pas avancer le débat.

Souhaitons des échanges plus constructifs pour reconstruire l’après… D’ici-là, la mobilisation des 600 000 assurés qui ont déjà téléchargé notre courrier-type commence à porter ses fruits. De la plume de la Présidente de la FFA, il n’est déjà plus question d’affecter les économies de l’assurance auto/moto à l’indemnisation des sinistres des professionnels, mais d’une hypothétique baisse de la prime 2021. Pour autant, compte tenu de la crise de pouvoir d’achat que connaissent déjà bon nombre de consommateurs, pas question d’attendre l’année prochaine pour que les assurés retrouvent leur dû ! Continuons de tancer les professionnels et de les interpeller !

 

 

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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