Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
Alors que le gouvernement vient de présenter son projet de loi de finances pour 2024, je constate à regret le manque d’efficacité de la méthode en matière d’accessibilité financière de la voiture électrique. En effet, s’il rend le bonus sélectif, excluant les voitures électriques les plus polluantes à la fabrication, il ne met en revanche pas en place les mesures permettant de rendre plus accessibles les véhicules électriques les moins émetteurs.
Le gouvernement entend conditionner l’obtention du bonus écologique (de 5 000 à 7 000 € en fonction du revenu) au respect d’un plafond maximal d’émissions de gaz à effet de serre tenant compte de la fabrication et de l’acheminement de la voiture neuve. Les véhicules électriques produits aux États-Unis et surtout en Chine sont clairement la cible de cette mesure.
Celle-ci s’inscrit pleinement dans la demande formulée par l’UFC-Que Choisir d’une refonte du système d’aide et de malus permettant d’orienter efficacement les consommateurs vers les véhicules les moins polluants, en prenant en compte l’ensemble de leur cycle de vie. C’est cette ligne directrice qui justifie d’ailleurs que nous plaidions pour une augmentation du malus au poids sur les véhicules les plus lourds, y compris électriques, afin de faire cesser la course folle au gigantisme des constructeurs d’automobiles.
Toutefois, acquérir un véhicule électrique aujourd’hui demeure un mirage pour une large majorité de consommateurs du fait de son coût d’achat (en moyenne 25 % plus élevé que celui de l’équivalent thermique). Si certains des actuels véhicules d’entrée de gamme se voient exclus du bonus, cela doit aller de pair avec une augmentation des aides sur les autres petits modèles afin d’éviter un signal-prix qui favoriserait les véhicules thermiques, un grand nombre de consommateurs ne pouvant même plus envisager d’acquérir un véhicule électrique.
Il est donc impératif pour le gouvernement d’accroître l’attractivité financière des véhicules électriques les moins émetteurs de gaz à effet de serre. Or, rien de ce qui est proposé par le gouvernement ne permet de baisser la facture pour les consommateurs. Les annonces sur le leasing demeurent très vagues et ne concerneront en tout état de cause qu’une minorité d’usagers. Quant au rétrofit, son coût demeure prohibitif (entre 12 350 € et 15 000 € HT), et l’absence d’une filière industrielle mature empêche de toute façon son développement.
Les pouvoirs publics ne doivent donc pas oublier que sans hausse des subventions publiques (qui pourraient notamment être financées par la hausse des malus ou la baisse des dépenses au titre de l’exclusion du bonus des véhicules électriques les plus émetteurs), peu de ménages seront en mesure d’acquérir un véhicule électrique. Le bonus écologique et la prime à la conversion doivent donc être augmentés, tant sur les véhicules neufs que d’occasion, en les rendant proportionnels aux émissions sur l’ensemble du cycle de vie du véhicule. Cela permettra enfin de faire baisser leur coût d’acquisition pour les consommateurs, en particulier celui des petites voitures qui sont également les moins émettrices.
Si l’accessibilité financière de la voiture électrique ainsi que la promotion de la sobriété automobile sont au cœur des préoccupations de l’UFC-Que Choisir, je rappelle que notre priorité reste la promotion des modes alternatifs à la voiture particulière et spécialement à l’autosolisme. Ainsi, nous demandons que la prime à la conversion puisse être utilisée pour l’achat d’abonnements de transports en commun et sur les plateformes de covoiturage
Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
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