BILLET DE LA PRÉSIDENTE

Programmation pluriannuelle de l’énergieToujours rien de concret pour empêcher l’explosion des factures de gaz !

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE 3), qui a pour objectif d’acter la stratégie énergétique française jusqu’en 2035, fait actuellement l’objet d’une consultation publique. Cette PPE est importante pour l’avenir de notre pays en termes de production et de consommation énergétique, et je ne peux que déplorer qu’elle fasse l’impasse sur des éléments essentiels : l’avenir de l’infrastructure gazière et l’impact que cela aura sur les factures gaz.

L’UFC-Que Choisir n’a pas attendu cette mise en consultation pour alerter les pouvoirs publics autour des enjeux liés à l’évolution du prix du gaz dans les années à venir. Entre les années 2020 et 2024, la consommation de gaz dans le secteur résidentiel a diminué d’environ 19 %. Une baisse qui s’accélère depuis 2022 et va de pair avec une diminution du nombre de ménages abonnés au gaz.
Entre 2020 et 2024, près de 200 000 ménages sont sortis de leur abonnement au gaz pour une autre énergie. Mais le gaz, reste néanmoins aujourd’hui le mode de chauffage de plus de 35 % des Françaises et Français.

Or cette tendance a déjà des impacts majeurs sur les factures des ménages. Les baisses de la demande en gaz et du nombre de personnes abonnées, parallèlement à une infrastructure inchangée et le financement d’investissements liés au biogaz, entraînent mécaniquement une hausse du tarif d’acheminement, intégré à la partie abonnement. En l’état, cette situation me laisse craindre une dérive fortement inflationniste pour les contrats gaz. La hausse des factures de gaz s’est d’ailleurs déjà manifestée avec la mise à jour du tarif d’acheminement en juillet dernier. Ce dernier a en effet augmenté de 20 % pour les profils cuisson/eau chaude et de 26 % pour les profils chauffage, soit respectivement de 26 et 90 € par an pour un niveau de consommation moyen.

Si la stratégie proposée dans la PPE 3 anticipe bien une baisse de la consommation de gaz de l’ordre de 37 % entre 2023 et 2035 et l’intérêt de recourir au biogaz dans l’avenir, notamment pour faire face au pic de demande électrique, il apparaît que le texte mis en consultation passe très largement sous silence les enjeux de coûts du réseau et de répercussion de ces coûts sur les abonnées et abonnés. Une seule page de la consultation aborde ce problème, sans proposer d’action concrète. Si la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) a produit une analyse en avril 2024 insistant sur la nécessité de conserver l’infrastructure actuelle à l’échelle nationale (des hypothèses à préciser et débattre), il me semble nécessaire d’engager des réflexions poussées et incitatives à l’échelle locale pour fermer certaines canalisations sans dégrader le service, et d’enfin estimer l’impact qu’aurait une baisse potentielle du nombre d’abonnés au gaz sur le niveau des factures.

Au vu de la prise en compte insuffisante de cette question fondamentale, deux évolutions d’ampleur s’imposent. D’une part, mettre en place une stratégie précise d’évolution de l’infrastructure gazière, notamment dans le secteur résidentiel, pour identifier à l’échelle locale les bâtiments pouvant être déconnectés du réseau gaz et réduisant ainsi l’infrastructure. D’autre part, œuvrer afin que la baisse attendue du nombre d’abonnements au gaz n’entraîne pas une explosion des factures pour les foyers n’ayant pas d’alternative. Cela pourrait par exemple prendre la forme d’un bouclier tarifaire spécifique.

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