BILLET DE LA PRÉSIDENTE

Nutri-ScoreEncore combien de lâches défections avant que les pouvoirs publics ne le rendent obligatoire ?

Sur le front de la nutrition, les mauvaises nouvelles n’ont cessé de se succéder ces dernières semaines… avec en premier lieu les chiffres de l’obésité et du surpoids qui continuent de progresser dans toutes les classes d’âge et notamment chez les jeunes. Il faut aussi mentionner la disparition dans l’agenda européen de l’étiquetage nutritionnel simplifié européen ou encore de la stratégie "Farm to Fork", et, avec cette dernière, les promesses d’amélioration nutritionnelle. Mais actuellement, ce sont les déboires du Nutri-Score qui font la une des médias.

Alors que les scientifiques ont publié depuis plusieurs mois le nouveau mode de calcul du Nutri-Score, les pouvoirs publics français tardent toujours à acter d’un point de vue réglementaire ce nouvel algorithme. Celui-ci s’applique pourtant officiellement dans tous les pays qui l’ont adopté… sauf en France, le pays qui l’a créé ! L’impact de cette lenteur est évidemment désastreux pour les consommateurs car cela risque de retarder non seulement les réimpressions d’emballages, mais surtout les améliorations des recettes qui vont de pair avec le renforcement des critères nutritionnels du logo. Plus généralement, c’est un bien mauvais message donné aux industriels qui peuvent imaginer que le soutien officiel à ce score serait en train de faiblir…

D’ores et déjà, on sait que deux grands industriels en pointe dans l’affichage du Nutri-Score font déjà défection, au regard de la nouvelle formule améliorée de calcul du Nutri-Score. Bjorg a en effet retiré ce logo au prétexte qu’il n’y aurait plus de place sur ses emballages, comme par hasard depuis que le nouveau Nutri-Score aboutit à classer nombre de ses produits en orange, notamment pour les versions liquides, alors qu’il en reste pour le Planet-Score, score environnemental qui, de manière fort opportune, est… de couleur verte, toutes les références de Bjorg étant bios ! Danone, quant à lui, nous fait un inadmissible "pick and choose" en gardant le logo lorsque ça l’arrange et en le retirant, notamment d’Actimel, au prétexte que le nouveau calcul, dégradant sa note, ne refléterait pas les avantages nutritionnels de son produit phare… Autant d’arguments qui seraient comiques si la mauvaise qualité nutritionnelle n’était pas un problème de santé publique. Dans ce triste panorama, je me dois néanmoins de saluer la transparence constante de certaines marques comme Brossard, Lesieur, Nestlé, Pasquier, Saint Michel… qui n’hésitent pas à maintenir le Nutri-Score, y compris sur leurs produits les moins bien classés.

Mais le véritable scandale c’est que, sept ans après son adoption par la France, les plus grandes marques puissent continuer à boycotter le Nutri-Score et priver les consommateurs d’une information d’autant plus cruciale qu’elle concerne des rayons où la majorité de l’offre est de mauvaise qualité nutritionnelle : biscuits, gâteaux, confiseries, glaces… Voilà la bataille que l’UFC-Que Choisir continuera à mener dans les prochains mois : convaincre les pouvoirs publics français que seule une obligation d’étiquetage du Nutri-Score permettra non seulement d’informer les consommateurs mais aussi d’accélérer l’amélioration des recettes industrielles. Dans cette attente, l’UFC-Que Choisir rappelle aux consommateurs qu’ils peuvent d’ores et déjà connaître le Nutri-Score actualisé de tous les produits alimentaires grâce à son application gratuite QuelProduit.

Marie-Amandine Stévenin

Marie-Amandine Stévenin

Présidente de l'UFC-Que Choisir

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