Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
Décidément, en matière de consommation responsable, la Commission européenne n’en est plus à une contradiction près. Après avoir, à grand renfort de communication martelé son « Green deal » avant d’abandonner l’ambition de mettre en œuvre sa stratégie de « la ferme à la fourchette » pour une alimentation plus saine et durable, voilà qu’elle entend avancer à marche forcée pour que l’accord de libre-échange avec l’Amérique latine soit signé d’ici la fin de l’année…
Après le CETA, le TTIP largement critiqué, cet accord de libre-échange entend de nouveau favoriser les échanges entre les deux continents au détriment des agriculteurs et consommateurs européens, et plus largement d’une consommation responsable. En effet, cet accord stimulera le commerce de produits, tels que la viande, dont une large proportion ne répond pas aux normes européennes, en plus d’entraver les efforts visant à réduire l’empreinte climatique de l’UE et à passer à une alimentation plus saine. Faut-il rappeler qu’une faible part de la viande brésilienne est produite sans hormones et que les contrôles pour le vérifier sont notoirement peu fiables… alors que l’UFC-Que Choisir s’est utilement battue pour l’interdiction de la viande aux hormones, obtenue il y a plusieurs décennies ? En termes de protection des consommateurs, on a vu mieux comme avancée.
Si l’UFC-Que Choisir combat cet accord, c’est également le cas du Bureau européen des Unions de consommateurs, dont elle est membre fondatrice, qui, depuis plusieurs semaines, se bat auprès des institutions européennes pour rappeler les risques majeurs de ce texte pour les agriculteurs et citoyens européens. Alors que la Commission européenne se targuait d’avancer vers une transition verte, à quand des accords commerciaux qui se concentrent principalement sur le commerce de produits durables, plutôt que ceux qui l’entravent ?
Si la France entend se positionner contre l’accord, et que quelques autres pays partagent nos alertes, une majorité d’États membres, l’Allemagne en tête, semblent cependant prêts à signer. L’UFC-Que Choisir et le BEUC entendent donc se mobiliser pour obtenir une minorité de blocage.
Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
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