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Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
L’étude que nous avons publiée la semaine dernière sur l’impact de la nouvelle régulation de l’électricité sur les factures des consommateurs n’a pas manqué de faire réagir le gouvernement. Une réaction de sa part était de toute évidence attendue par de nombreux observateurs puisque nous pointons du doigt sa lourde responsabilité dans les dysfonctionnements actuels du marché de l’électricité, ainsi que ses carences en termes de concertation des parties prenantes pour élaborer la nouvelle régulation. Si je me doutais bien que le gouvernement ne ferait pas amende honorable, je suis bien plus désagréablement surprise par son argumentaire, qualifiant notre étude de « biaisée », qui a parfois pu être repris par quelques commentateurs.
Jamais nous ne disons dans notre étude que les factures d’électricité des consommateurs vont nécessairement augmenter en 2026, et encore moins augmenter de près de 20 %. Et personne ne peut le dire. Pourquoi ? Car les tarifs de l’électricité de l’année prochaine seront intégralement basés sur les prix de l’électricité constatés sur les marchés de gros entre début 2024 et fin 2025. Dit autrement, il manque encore beaucoup d’informations pour nous projeter sur 2026. En l’état, les factures des consommateurs pourraient parfaitement être stables, voire baisser compte tenu des niveaux de prix actuellement observés sur ces marchés. Mais là n’est pas le sujet.
Toute la question de notre analyse est de savoir si la nouvelle régulation qui sera mise en place l’année prochaine est davantage protectrice des intérêts des consommateurs que l’actuelle. Et c’est à cette question à laquelle nous répondons « non », en montrant, démonstration chiffrée à l’appui, que si cette nouvelle régulation s’était appliquée dès cette année alors les consommateurs paieraient actuellement leur électricité 19 % plus chère. Notre étude n’est donc aucunement « biaisée » comme le prétend Bercy.
Nous dénonçons dans notre étude que pour établir les coûts d’approvisionnement des tarifs réglementés d’électricité l’année prochaine, la Commission de régulation de l’énergie se basera uniquement sur les prix de l’électricité sur les marchés de gros. Bercy réagit en indiquant que « l'approvisionnement lissé sur deux ans permet d'amortir les fluctuations du marché et participe à l'objectif général de stabilité des prix ». En somme, il faudrait donc remercier le gouvernement pour cette superbe vertu du nouveau dispositif. Une plaisanterie ! Passer par un approvisionnement total sur les marchés ne permettra aucunement d’avoir un prix de l’électricité stable, et encore moins un tarif durablement abordable. Il est d’ailleurs révélateur que le gouvernement passe sous silence ce critère.
Le seul moyen de répondre à ce double objectif est pourtant simple : mettre en place un dispositif permettant aux consommateurs de payer leur électricité à un tarif basé sur les coûts de production de l’électricité sur notre territoire. Le gouvernement s’y refuse, en mettant en place une nouvelle régulation encore plus favorable à EDF que la précédente, au détriment des consommateurs.
Je ne peux donc qu’inviter le gouvernement à ne pas allumer de contre-feux artificiels contre ceux qui dénoncent légitimement la future régulation du marché de l’électricité, mais plutôt à œuvrer pour le pouvoir d’achat des consommateurs en procédant dans les plus brefs délais aux aménagements de cette régulation que nous demandons, et particulièrement une taxation plus importante des bénéfices d’EDF (qui a engendré quand même 11,4 milliards d’euros de profits l’année dernière) et une redistribution intégrale du produit de cette taxe aux consommateurs sur leurs factures. Comptez sur nous pour suivre de près les actions du gouvernement à ce sujet.
Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
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