
par Marie-Amandine Stévenin
par Marie-Amandine Stévenin
L’Assemblée nationale a voté la semaine dernière, à une large majorité, l’article clé de la proposition de loi visant à lutter contre les déserts médicaux, qui met en place une régulation de l’installation des médecins. Ce vote est une victoire pour toutes celles et ceux, à commencer par l’UFC-Que Choisir, qui alertent depuis plus de 10 ans sur l’urgence d’agir face à l’effondrement de l’accès aux soins en France. C’est un signal fort, au-delà de la reconnaissance du problème et enfin, une démonstration d’une politique courageuse.
Hélas, l’Assemblée nationale, faute de temps, n’a pas pu examiner l’intégralité de la proposition de loi, qui ne sera donc pas transmise directement au Sénat. En l’état, le vote n’a pas encore de portée concrète, quand bien même la portée symbolique, et le message adressé au Gouvernement, est immense. Mais, la situation est telle qu’elle exige bien plus que des symboles. Sur le seul critère géographique, plus de 25 millions de Français vivent dans des déserts médicaux.
L’adoption de cet article de loi montre que les lignes bougent enfin. Après des dizaines d’années à regarder ailleurs, en avançant des mesures incitatives aussi coûteuses qu’inefficaces, les décideurs politiques prennent enfin leurs responsabilités. La régulation de l’installation existe déjà pour d’autres professionnels de santé (comme les infirmiers ou les dentistes) et a fait ses preuves à l’étranger au dire même d’un rapport de la DREES de 2021, Direction du… ministère de la Santé. Par ailleurs, alors que 87 % du territoire national est considéré comme un désert médical, la dimension contraignante est pour le moins limitée, ce dont témoigne notre carte de la fracture sanitaire.
Le Gouvernement a promis de reprendre ce dossier en avril. Je prends acte de cet engagement mais je demande aussi, en tant que Présidente d’une association représentant officiellement les usagers du système de santé, que nous y soyons associées. Les nouvelles discussions ne peuvent se cantonner à un échange bilatéral en dehors de l’Assemblée nationale entre le Gouvernement et les représentants des médecins. Une telle approche serait d’autant plus inacceptable que Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, s’est opposé à ce texte — et ce, malgré le constat formulé quelques jours plus tôt par le Premier ministre sur la nécessité de réguler l’installation des médecins. Les associations représentant les usagers et usagères du système de santé, soit les victimes de la fracture sanitaire, doivent également y être associées.
Et pendant que le Gouvernement concerte, nous invitons le Parlement à reprendre rapidement les discussions sur l’ensemble de la proposition de loi, pour enfin aller au bout de cette discussion, et la voter ! Cela serait prévu pour mai à l’Assemblée, nous serons au rendez-vous.
Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
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