BILLET DE LA PRÉSIDENTE

Grande SécuUn retour aux fondamentaux qui fait réagir !

La publication de l’étude de l’UFC-Que Choisir appelant à la mise en place d’une « Grande sécu », c’est-à-dire la prise en charge à 100 % des soins essentiels par l’Assurance Maladie, a eu un bel impact médiatique… qui n’a pas manqué de faire réagir les organismes complémentaires.

Alors que le renoncement aux soins pour raisons financières ne cesse de croître, que près de 2,6 millions de Français n’ont pas de complémentaire santé, l’heure n’est plus aux tergiversations. Notre modèle de financement de la santé, qui s’appuie sur un copaiement entre l’Assurance Maladie et les complémentaires santé est en lui-même un facteur d’aggravation des inégalités de santé, et construit des barrières financières à l’accès aux soins. Un modèle qui prendrait en charge les soins essentiels à 100 % par l’Assurance Maladie serait, à l’inverse, de nature à supprimer ces barrières financières, et donc à renforcer l’accès aux soins pour toutes et tous, et améliorer notre santé publique.

Notre étude a rencontré un fort succès médiatique, je m’en réjouis et j’escompte bien qu’il participe à ouvrir un véritable débat institutionnel sur une réforme de notre système de financement de la santé, ambitieuse, mais réaliste. Faut-il rappeler que nous ne demandons rien d’autre que le retour aux fondamentaux de la Sécurité sociale ?

Probablement pour éviter l’ouverture de ce débat, les organismes complémentaires, dans un réflexe corporatiste guère surprenant, montent au front pour justifier leur rôle et agiter les chiffons rouges sur les aspects financiers de la mise en place d’une Grande Sécu, en dénonçant notamment le coût de cette réforme qui alourdirait les charges publiques. Nous ne l’avons jamais nié, mais le coût net pour les usagers dans leur ensemble ne sera aucunement augmenté, puisque l’augmentation des cotisations sociales pour financer le système public de santé sera largement compensée par une baisse drastique des cotisations aux complémentaires, dont le périmètre d’action serait largement réduit. La réforme que nous appelons de nos vœux ne vise pas à supprimer les organismes complémentaires, qui continueraient de prendre en charge les soins supplémentaires – ceux dont le non-accès ne dégrade pas l’état de santé et la qualité de vie – mais à garantir la prise en charge financière des soins « essentiels », dont la définition est à arrêter dans le cadre d’un dialogue constructif entre toutes les parties prenantes, pour tous nos concitoyens.

Je le dis très clairement : s’il faut arbitrer entre un système de santé plus redistributif et solidaire entre générations et la préservation des intérêts particuliers des complémentaires santé, notamment des assurances santé qui dégagent des marges très importantes, le choix est tout vu pour l’UFC-Que Choisir.

Voilà ce que nous défendons. Cela suppose de repenser largement le système actuel de santé, son financement et même sa gouvernance, en renforçant la démocratie sanitaire dans la formation des politiques de santé, et en y associant mieux les usagers comme personnes les premières concernées. Nous devons reprendre la main sur notre santé et en faire, collectivement, un bien commun.

Marie-Amandine Stévenin

Marie-Amandine Stévenin

Présidente de l'UFC-Que Choisir

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