Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
Dans le cadre de la préparation du budget 2025, le Gouvernement Barnier avait prévu une série de mesures visant à réduire les remboursements de la santé, notamment par l’augmentation de tickets modérateurs sur les consultations et les médicaments, assumant ainsi d’augmenter, mécaniquement, la part des prises en charge par les complémentaires santé. La censure du gouvernement a mis un terme à ces projets de baisse de prise en charge publique des dépenses de santé des malades. Malheureusement pour les consommateurs, les complémentaires santé ont anticipé une potentielle hausse de charges devant peser sur elles, sans attendre que la loi soit adoptée, et ont répercuté cette hausse sur les cotisations appelées et payées en 2025. Cet argent doit être reversé aux consommateurs.
Les anticipations des complémentaires santé font que la hausse des tarifs en 2025 va bien au-delà de la hausse des remboursements répercutée cette année aux clients. C’est évidemment problématique puisque ces cotisations payées par les consommateurs sont et seront indûment surévaluées en 2025, grevant injustement leur pouvoir d’achat.
Face à ce problème, le nouveau Gouvernement a réagi. S’il a admis l’existence du problème – et c’est une bonne chose –, il envisage une mesure corrective : augmenter la taxe sur les complémentaires santé (TSA), de sorte à récupérer un milliard d’euros. Je le dis très clairement : l’UFC-Que Choisir s’oppose vivement à cette taxe, qui ne constitue en rien une réponse directe au préjudice financier subi par les consommateurs. Le seul correctif qui serait juste est simple : imposer aux complémentaires santé d’adapter les cotisations prévues pour 2025 en les baissant dans les plus brefs délais ! Ce sont les cotisants en 2025 qui subissent des tarifs surévalués, ce sont les cotisants en 2025 qui doivent bénéficier d’un retour à la normale de leurs cotisations.
Il est d’autant plus indispensable d’adopter cette voie que si le Gouvernement devait mettre en place une augmentation de taxe sur les complémentaires, il y aurait fort à craindre que ces dernières répercutent la charge de cette taxe en augmentant les cotisations payées par les consommateurs… Et il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit ou d’un procès d’intention, puisque nous avions souligné en 2021 que certaines hausses de cotisations alors subies par les consommateurs pouvaient s’expliquer par une répercussion sur les cotisations de la « taxe Covid » payée l’année précédente par les complémentaires santé. De surcroît, rien ne garantit que l’année prochaine le Gouvernement ne soit pas tenté de pérenniser cette taxe, et à la fin, de manière indirecte, d’augmenter de manière déguisée les impôts des usagers du système de santé, par le truchement des organismes complémentaires.
Notre système de santé déjà complexe mérite une gestion plus démocratique, et cela passe par un consentement et une transparence sur les financements. Rembourser le trop-perçu y contribuera toujours plus qu’un nouvel impôt déguisé. L’UFC-Que Choisir s’oppose fermement à l’augmentation de la taxe sur les complémentaires santé, et exige une baisse des cotisations de manière à rembourser les usagers. Rendez l’argent aux consommateurs !
Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
La force d'une association tient à ses adhérents ! Aujourd'hui plus que jamais, nous comptons sur votre soutien. Nous soutenir
Recevez gratuitement notre newsletter hebdomadaire ! Actus, tests, enquêtes réalisés par des experts. En savoir plus