Élodie Toustou
Vos droits en cas de retard ou d’annulation
Depuis son divorce avec l’Union européenne, le Royaume-Uni fait cavalier seul. Ce qui ne veut pas dire que les voyageurs européens seront laissés sur le bord du chemin en cas de retard, d’annulation ou de surbooking lors de leurs trajets.
Depuis le 1er janvier 2021, avec le Brexit, partir visiter Londres ou Birmingham, c’est quitter les frontières de l’Union européenne (UE) et, a priori, les droits très protecteurs mis en place par l’UE pour garantir aux voyageurs un filet de sécurité en cas de problème. Des indemnisations sont en effet prévues en cas d’annulation, de surbooking ou de retard de train, de vol...
Sauf que le Royaume-Uni a décidé, pour le moment, de conserver ces garanties pour les voyageurs. Notamment pour ceux qui empruntent un bus, un train ou un ferry, grâce à la transposition dans la législation britannique des règlements européens prévoyant ces indemnisations. Quant aux passagers de l’aérien, les mêmes règles qu’auparavant s’appliquent encore, même si elles sont susceptibles de changer à l’avenir.
Vous voyagez en avion vers ou depuis le Royaume-Uni
Avec une compagnie aérienne européenne
Que vous voyagiez depuis la France (ou un autre pays de l’UE) vers le Royaume-Uni et inversement, le règlement européen s’applique. En cas d’annulation, de surbooking ou de retard, il prévoit des indemnisations variables selon les cas.
Avec une compagnie non-européenne (dont British Airways)
Pour les vols au départ du Royaume-Uni, les autorités britanniques ont annoncé qu’elles conservaient les mêmes conditions d’indemnisation qu’auparavant. Ainsi, « les droits du Royaume-Uni reflètent – pour l’instant – les droits actuels de l’UE », précise le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), dont l’UFC-Que Choisir est membre.
Pour les vols au départ de la France, aucun risque de changement : même effectués par une compagnie non européenne, ils sont considérés comme des vols européens par la législation à partir du moment où ils décollent d’un pays de l’Union européenne.
Vous voyagez en train
Que le parcours soit transfrontalier (entre les pays de l’Union européenne et le Royaume-Uni et inversement) ou intérieur (réalisé sur le réseau ferré du Royaume-Uni), réalisé par un opérateur de l’UE ou du Royaume-Uni, les indemnisations prévues sont les suivantes :
- En cas de retard : 25 % du prix du billet si le retard est compris entre 1 h et 2 h, 50 % si le retard est supérieur à 2 h, 75 % s’il est supérieur à 3 h. Si ce retard vous oblige à annuler votre voyage, vous pouvez demander un échange gratuit ou un remboursement.
- En cas d’annulation : un échange gratuit du billet est prévu à condition qu’il soit demandé dans les 60 jours suivant la date initiale du départ. Un remboursement total est aussi possible, en boutiques ou sur le site de l’opérateur, selon le mode de réservation choisi.
Pour un voyage intérieur entre deux villes du Royaume-Uni, la politique d’indemnisation des compagnies ferroviaires locales peut être encore plus avantageuse. Par exemple, une compensation dès 15 minutes de retard.
Vous voyagez en autocar longue distance
Entre la France ou un pays de l’UE et le Royaume-Uni, un mécanisme d’indemnisation doublé d’une assistance sont prévus.
Pour un trajet supérieur ou égal à 250 kilomètres dans le cadre d’un service régulier (via Flixbus, BlaBlaBus…), en cas d’annulation du voyage ou d’un retard de plus de 120 minutes, deux solutions peuvent être proposées par le transporteur.
- La première : le réacheminement gratuit vers la destination finale, sans surcoût, dans les meilleurs délais et dans des conditions comparables.
- La seconde : un remboursement intégral du prix du billet auprès du transporteur ainsi que la prise en charge du retour jusqu’au point de départ initial s’il a lieu.
Si le transporteur n’est pas en mesure d’offrir ni une poursuite du voyage ni un réacheminement, une indemnisation supplémentaire est prévue : 50 % du prix du billet qui s’ajoute au remboursement du voyage.
L’opérateur de transport vous doit aussi une assistance si votre trajet en bus est supérieur à 3 heures. Pour toute annulation ou retard de plus de 90 minutes (sauf en cas de catastrophe naturelle ou de conditions météorologiques dantesques), une assistance doit être fournie par le transporteur. Elle consiste à offrir des repas, collations et rafraîchissements et, si besoin, la prise en charge d’un hébergement (limité à 80 € par nuit pour 2 nuits au maximum en hôtel, par exemple) en attendant une solution de remplacement.
Vous voyagez en ferry de part et d’autre de la Manche
Là aussi, les règles antérieures restent en vigueur. Que vous embarquiez d’un port français ou anglais, si votre voyage d’une durée inférieure à 4 heures subit un retard de plus d’une heure, vous pouvez réclamer une indemnisation comprise entre 25 % et 50 % du prix de vos billets.
Vous avez acheté un forfait vacances
Si vous rencontrez un problème (annulation, faillite de l’établissement…) dans le cadre d’un voyage à forfait comprenant le transport et l’hébergement, vous serez couvert par les lois européennes si l’agence de voyages (physique ou en ligne) est située dans l’un des pays de l’Union européenne. En revanche, selon le Bureau européen des unions de consommateurs, réserver sur un site anglais, qui plus est s’il ne propose pas une traduction en français, pourrait vous obliger à souscrire une assurance couvrant ce type de risques puisque les droits européens ne vous protègeront pas.
Vos papiers s’il vous plaît !
Contrôles aux frontières
Depuis le 1er janvier 2021, les citoyens de l’Union européenne peuvent toujours entrer sur le sol britannique munis de leur seule carte d’identité nationale (ou d’un passeport en cours de validité) pour des vacances ou des voyages de courte durée. Ces règles changeront le 1er octobre 2021. À partir de cette date, le passeport deviendra le seul sésame autorisé pour franchir les frontières de l’Angleterre, de l’Écosse, de l’Irlande du Nord, du Pays de Galles ou des îles de Jersey et Guernesey. Un visa ne sera pas nécessaire pour des séjours touristiques de moins de 6 mois. En revanche, l’obligation de présenter un formulaire d’autorisation de voyage, similaire à l’Esta exigé pour entrer aux États-Unis, devrait être mise en place d’ici à 2025, précise le site de l’Office du tourisme VisitBritain.
Permis de conduire et assurance auto
Vous êtes autorisé à circuler sur les routes britanniques avec votre permis de conduire français (ou européen). Mais le site spécial Brexit du gouvernement Français (1) indique qu’il devra être accompagné d’une traduction en anglais. Aucun permis de conduire international n’est exigé pour le moment. Ce point reste toutefois à éclaircir, les négociations étant toujours en cours.
Par ailleurs, il est inutile de souscrire une assurance automobile spéciale pour vos déplacements, les contrats souscrits dans les pays de l’Union européenne (ainsi qu’en Andorre, en Islande, au Liechtenstein, en Norvège, en Serbie ou en Suisse) suffisent outre-Manche, à condition de pouvoir présenter une carte verte valide.
Assurance maladie
Contrairement à ce qu’indique le site du gouvernement français sur le Brexit, la carte européenne d’assurance maladie (CEAM), qui permet une prise en charge facilitée des soins médicaux en cas de pépin de santé lors d’un voyage dans l’Union européenne, continue à fonctionner en Grande-Bretagne. « Un certificat provisoire de remplacement sera établi pour les personnes ne disposant pas de CEAM », nous a précisé le Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale (Cleiss). Les voyageurs ne sont donc pas obligés de souscrire à une assurance santé privée lors de leur séjour.
(1) https://www.brexit.gouv.fr/sites/brexit/accueil/vous-etes-francais/modalites-de-voyage.html