
Yves Martin
Le marché de l’occasion regorge de voitures du groupe Stellantis proposées à des prix attractifs mais équipées de l’ancienne mouture du moteur PureTech à la courroie de distribution fragile. Malheureusement, le risque de rencontrer des problèmes mécaniques est trop grand pour faire une bonne affaire. Explications.
Le malheur des uns ne fait pas toujours le bonheur des autres. Les propriétaires de véhicules du groupe Stellantis équipés d’un moteur PureTech qui n’arrivent pas à revendre, ou très mal, leur véhicule peuvent en témoigner.
Sur le site Autosphere.fr, sur les 501 annonces estampillées « occasions exceptionnelles », 400 concernent les marques Citroën, DS Automobiles et Peugeot. Quasiment toutes arborent un logo « Petit prix » ou « Petit loyer ». Pour encore attirer l’acheteur, le vendeur en ligne propose même une « garantie moteur 10 ans »… sous certaines conditions : « Les réparations doivent avoir été réalisées exclusivement dans le réseau agréé Stellantis. Pour les entretiens, ils peuvent être effectués chez tout professionnel automobile, à condition de respecter les préconisations du constructeur. »
Le 20 mars, le site de revente en ligne Leboncoin proposait quant à lui 50 050 annonces avec le terme « PureTech » dans son moteur de recherche. Et nombre d’entre elles affichaient un prix en baisse, matérialisé par une flèche verte dirigée vers le bas. Certaines ne mentionnent même pas l’appellation PureTech dans le titre, comme ce SUV Peugeot 5008 Allure de 2021 dont le vendeur omet ce « détail » dans sa présentation. Sur Lacentrale.fr, on trouve un Peugeot 3008 1.2 PureTech 130 de 2020 avec moins de 65 000 km à 13 480 €. C’est, selon le site, quasiment 2 400 € de moins que la cote réelle de la voiture. Une bonne affaire ? Pas forcément.
Un acheteur pourrait aisément céder à la tentation mais le risque est trop grand. Car même si les travaux de remise en conformité ont été réalisés (remplacement de la courroie de distribution, changement de l’huile…) en temps et en heure, le moteur PureTech peut avoir subi des dommages invisibles à l’œil nu avec notamment une segmentation fragilisée. Dès lors, si la courroie neuve peut tenir le coup, c’est le moteur lui-même qui risque de flancher après quelques milliers de kilomètres.
À moins d’être un expert en mécanique, de disposer de l’historique complet de l’entretien de la voiture, d’être fortement à l’écoute de sa voiture, d’accepter d’avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête et de prendre un risque financier important, on ne peut raisonnablement pas conseiller d’acheter une occasion équipée du moteur PureTech à courroie. D’ailleurs, même les professionnels refusent désormais de reprendre ces véhicules. La seule alternative envisageable pour un potentiel acquéreur serait d’acheter son occasion chez un professionnel qui proposerait une garantie spécifique de plusieurs années sur le moteur. Pratique qui ne semble pas à l’ordre du jour, comme nous avons pu le constater en appelant quelques concessions Citroën et Peugeot de la région parisienne qui proposaient des modèles concernés.
Le moteur PureTech est proposé depuis 2016 sur de nombreux modèles des marques du groupe Stellantis. Nous dressons ci-dessous une liste des voitures qui en sont équipées. Et, pour savoir si la vôtre est concernée, vous pouvez ouvrir le bouchon de remplissage d’huile situé sur la gauche du moteur (quand on est situé en face). Le premier indice est de regarder si ce bouchon est intégré au cache en plastique qui recouvre le moteur. Si oui, c’est un moteur Gen3 à chaîne (monté depuis mi-2023 sur certains modèles du groupe), dans le cas contraire c’est un moteur à courroie. Pour confirmation, en ouvrant le bouchon on peut apercevoir la courroie de distribution.
Depuis 2023, le groupe Stellantis a revu sa copie et propose une nouvelle version de son moteur qui remplace petit à petit toutes les anciennes mécaniques à courroie. Dans le même temps, le bloc essence a été débaptisé. Ainsi, depuis septembre 2024, les appellations commerciales sont simplifiées pour n’indiquer que la puissance, comme « 100 ch », « Hybrid 110 ch » ou encore « Hybrid 136e ». Cette troisième génération de moteur (EB2 Gen3) dispose désormais d’une chaîne de distribution et a, selon le constructeur, entièrement été repensée pour une meilleure fiabilité. Affaire à suivre.
Yves Martin
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