par Arnaud Murati
Voitures d’occasionQue valent les sites d’historiques de véhicules d’occasion ?

De plus en plus de sociétés proposent aux automobilistes voulant acheter une voiture d’occasion de leur fournir un rapport sur l’historique du véhicule. Mais entre inexactitudes et manque cruel d’informations pertinentes, ces rapports paraissent loin d’être indispensables, sachant que l’État délivre les bonnes informations gratuitement…
Le prix des voitures neuves ne cessant d’augmenter, les automobilistes ont toujours plus tendance à se tourner vers le marché de la seconde main, désormais 3 fois supérieur à celui de la voiture neuve. Flairant le bon filon, de nombreuses entreprises proposent, contre rémunération, l’envoi d’un rapport d’historique portant sur un véhicule précis. Il suffit de fournir quelques données en ligne (plaque d’immatriculation ou numéro de « VIN ») et de payer pour recevoir instantanément ou presque un document sur le passé de l’auto désirée.
Outre le service public officiel et gratuit Histovec, Que Choisir a fait le choix de tester les rapports de 3 sociétés différentes : Autoviza, CarVertical et Autorigin. Le véhicule choisi pour effectuer ce test l’a été pour une bonne raison : après avoir été immatriculé neuf en Belgique en 2006, il a été importé en France en 2022. Il s’agit d’une Mazda MX5 2.0 Performance.
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Contre toute attente, ces rapports d’historique se sont révélés très approximatifs, tous à des degrés différents et pour des raisons diverses. Sur les 4 prestataires pris en compte, le rapport de CarVertical (facturé 35,99 €, le plus cher) n’a même pas été en mesure de livrer l’information la plus cruciale, c’est-à-dire que la voiture avait été importée en France ! Les autres ont mentionné une forte probabilité pour que le véhicule ait été importé, sans jamais parvenir à déterminer le pays d’origine. Cette information a pourtant son importance. Alors qu’Autoviza (20 €) a considéré que la personne qui allait acquérir la Mazda en deviendrait certainement « le 3e propriétaire », Autorigin (19,95 €) n’a pas fait mieux, il mentionne aussi 2 propriétaires précédents. Seul Histovec a su se montrer pertinent : « Le nombre exact de titulaires ne peut être calculé avec précision, première immatriculation à l’étranger. »

De la même manière, certains suivis de kilométrage ne se sont pas révélés dignes de confiance. Autoviza a littéralement inventé une petite annonce sur laquelle l’auto en question aurait été vue précédemment, afin de créer un semblant d’historique ! Contactée à ce sujet, la société assure que ceci est « en cours de correction »… Le rapport ne propose en réalité pas la moindre information objective d’historique sur le véhicule si le client ne clique pas sur l’option Histovec, pour demander les informations gratuitement accessibles à tous !
Assurément, le suivi des relevés kilométriques constitue le nerf de la guerre de ces rapports d’historique. L’étude de CarVertical annonce 9 relevés disponibles, mais n’en met en valeur qu’un seul. Il s’agit du kilométrage relevé lors du contrôle technique du véhicule en France en 2024. Hélas, la société omet de mentionner dans quel contexte ce kilométrage a été noté. Dommage, d’autant que CarVertical a été la seule entreprise capable de fournir les kilométrages relevés durant les 8 premières années de la vie de l’auto en Belgique. Mais, une nouvelle fois, ces informations sont livrées brutes dans un schéma (aucune trace du pays de provenance ni de l’émetteur), ce qui altère grandement leur valeur. Outre Histovec, seul Autorigin a finalement livré des données d’historique convaincantes, mentionnant le relevé du contrôle technique de 2024, où figure le kilométrage du véhicule à cette époque. Ce prestataire est même allé plus loin en apprenant au propriétaire de la voiture test que son auto avait été accidentée et réparée en 2008 en Belgique ! Le détail des parties touchées est même fourni. Après enquête et recoupements avec l’examen de la voiture, il apparaît que l’information est parfaitement plausible : bluffant, pour le coup !

Mais, en dépit de cette information cruciale, le rapport d’Autorigin n’est pas parvenu à identifier correctement notre Mazda, à l’instar des autres plateformes. Des listes d’équipements ont pourtant été fournies, le moteur a été correctement identifié, de même que la boîte de vitesses. Hélas, rien n’est indiqué sur la finition de la voiture, qui est, rappelons-le, une version Performance. Cette précision a une grande valeur pour un acheteur potentiel, car toutes les MX5 ne sont pas équipées de la même façon.
Arnaud Murati