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VoitureQuand le garagiste refuse de réparer

Un garagiste n’a pas le droit de refuser de prendre en charge une voiture tombée en panne. Sauf s’il oppose un motif légitime. Mais la définition du motif légitime est sujette à interprétation, comme en a fait les frais la conductrice d’une Volkswagen Polo.

Depuis presque 6 ans, Cathy est satisfaite de sa Polo 1.0 TSI 115 ch et l’utilise quasiment au quotidien. Sauf ce mardi soir de décembre où la voiture toussote méchamment avant de s’arrêter, tout en dégageant une très forte odeur d’essence. Impossible de redémarrer et les émanations de carburant inquiètent la propriétaire. S’en suit l’appel à l’assurance puis l’organisation du remorquage de la citadine vers le garage Dacy Motors de Pierrelaye (95). Vu l’heure tardive, l’opération aura lieu le lendemain et sera suivie d’un appel téléphonique au chef d’atelier. Cathy lui détaille son histoire, et précise que sa voiture est, depuis deux ans, équipée d’un système d’alimentation E85. Une transformation réalisée dans les règles de l’art par la société Flexfuel Energy Development : l’entreprise est certifiée, le système homologué et le certificat d’immatriculation stipule clairement le changement de carburant. La transformation est donc bel et bien officielle et légale.

Sauf que deux jours plus tard, le ton du chef d’atelier change et ce dernier indique à l’automobiliste que « nous n’interviendrons pas sur votre voiture car elle utilise de l’E85 ». Et de lui intimer « de venir récupérer sa voiture au plus vite ». Une requête réitérée le lendemain, sans aucune compassion. Venir chercher une voiture qui ne roule pas est en effet compliqué. C’est d’autant plus surprenant qu’aucune raison n’est invoquée. On sait très bien que les constructeurs désengagent l’application de leur garantie sur tous les composants liés à l’alimentation en carburant en cas de montage d’un boîtier E85 (comme pour le GPL d’ailleurs), mais il n’a jamais été évoqué, ni demandé, une prise en charge de la part de la concession ni même de Volkswagen. Cathy n’a même pas pu obtenir un diagnostic, encore moins un devis de réparation. Simplement une fin de non-recevoir du concessionnaire, sans ménagement, ce dernier s’autorisant une certaine liberté avec l’article L. 121-11 du Code de la consommation qui précise qu'il « est interdit de refuser à un consommateur la vente d'un produit ou la prestation d'un service, sauf motif légitime ».

La conductrice se tourne vers l’installateur du boîtier E85

Est-ce que le refus d’intervenir sur un véhicule équipé pour fonctionner à l’E85 peut être considéré comme un « motif légitime » ? Là est toute la question. Et la réponse n’est pas évidente car le motif légitime n'est pas défini par le Code de la consommation. Il peut résulter de diverses circonstances : l’indisponibilité du produit ou du service, le caractère anormal de la demande du consommateur… Le caractère légitime est donc, en pratique, tranché par les tribunaux. Une solution extrême à laquelle Cathy n’a pas souhaité recourir. Il est donc décidé de prendre contact avec la société qui a réalisé l’installation. Bien lui en a pris, cette dernière, après étude des symptômes décrits au téléphone, décide de gérer la situation. Déjà au bout du fil, une première hypothèse est lâchée : les injecteurs seraient en cause, laissant apparaître un début d’explication du refus de Dacy Motors de s’occuper de la voiture. Le garage a peut-être eu peur de devoir mettre la main à la poche, un rappel ayant été diligenté pour un défaut des injecteurs (lire l’encadré). Après l’intervention de Flexfuel Energy Development, le diagnostic est confirmé et la voiture réparée. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre et la Polo tourne normalement.

En conclusion, lorsqu’une voiture est équipée d’un boîtier E85, la meilleure solution est de se rapprocher directement de l’installateur afin de rechercher la panne sur le véhicule, soit lui-même soit en vous adressant à un réparateur partenaire. Et ce, qu’elle soit liée ou non au boîtier. De façon générale, en cas de panne ou d’entretien d’un véhicule, et même lorsque ce dernier est toujours sous la garantie constructeur, il n’est pas indispensable de se rendre chez un garage de la marque pour réaliser l’intervention : c’est la liberté de choix de son réparateur. En effet, il existe de nombreuses enseignes indépendantes et respectueuses des préconisations du constructeur. Elles sont souvent moins coûteuses et peuvent réparer ou entretenir le véhicule tout en préservant la garantie constructeur.

Un problème connu

Le problème d’injecteur sur la Polo est bien connu du groupe Volkswagen. Pour preuve, le constructeur a initié un rappel en juillet 2020 (code 24FO) pour les Caddy, Golf, Golf Sportsvan, Passat, Polo, Sharan, Touran, T-Cross, T-Roc et Up! fabriquées entre 2018 et 2020. Dans le groupe ce sont aussi les Seat Arona, Ateca, Ibiza, Leon et Tolède (code 24FP) et les Skoda Fabia, Kamiq, Karoq, Octavia, Rapid et Scala qui sont concernés (code 24CF). Raison de la mesure : un injecteur défectueux avec un « taux de fuite trop élevé ».

Yves Martin

Yves Martin

Gwenaëlle Lejeune

Gwenaëlle Lejeune

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