Anne-Sophie Stamane
Vitamine DUne supplémentation à réserver aux petits ?
La vitamine D ‒ en réalité, une hormone ‒ est le micronutriment à la mode ces dernières années. Incontournable chez le nourrisson, elle est souvent prescrite jusqu’à l’adolescence. Les généralistes-enseignants pointent l’absence d’intérêt au-delà de l’âge de 2 ans.
Servie à toutes les sauces, supposée favoriser la santé osseuse, le bon fonctionnement immunitaire ou avoir des vertus anticancers, la supplémentation en vitamine D n’a, en réalité, que peu d’intérêt scientifiquement et médicalement établi. La récente position du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) en rajoute une couche. Revenant sur l’habitude de prescrire de la vitamine D aux enfants dès leur plus jeune âge, et parfois jusqu’à la fin de l’adolescence, il recommande dans sa dernière communication de s’interroger sur cette prévention systématique : le rachitisme, seule maladie grave pour laquelle la vitamine D a prouvé son utilité chez les enfants, a quasiment disparu. Et son bénéfice dans d’autres affections, comme les maladies respiratoires, n’est pas étayé.
Par précaution, le CNGE préserve la supplémentation des moins de 2 ans, et surtout de ceux de moins de 1 an nourris au sein ou présentant des facteurs de risque de carence, comme la peau noire ou le suivi d’un régime végétalien. Mais souligne qu’au-delà, aucun essai sérieux sur l’utilité de la vitamine D n’a été identifié, et même qu’après l’âge de 5 ans, les études disponibles ne montrent pas de différences entre les enfants traités avec de la vitamine D et ceux qui ne le sont pas. « Le niveau de preuve est actuellement trop faible pour appuyer une prescription prolongée, il faut réévaluer les recommandations au-delà de l’âge de 2 ans », souligne la Dre Maeva Jego-Sablier. La position du CNGE se distingue de celle du consensus d’experts qui, en 2022, s’est prononcé en faveur de la supplémentation de tous les enfants jusqu’à 18 ans : à la différence de celle du CNGE, son analyse reposait sur des objectifs de concentration de vitamine D dans le sang, dont la pertinence est discutée, et non sur les effets constatés sur la santé.