Anne-Sophie Stamane
Vitamine DAttention chez les nourrissons
La vitamine D est indispensable à la croissance des enfants. Attention au surdosage avec les spécialités en vente libre.
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) renouvelle son avertissement : supplémenter un nourrisson en vitamine D à l’aide de compléments alimentaires en vente libre n’est pas dénué de risque. La concentration des gouttes est mal connue, variable selon les produits. Un surdosage est vite arrivé, avec des conséquences potentiellement sérieuses : sous l’action de la vitamine D, le calcium assimilé peut atteindre des taux sanguins trop élevés, au point de compromettre le fonctionnement normal des reins. En 2020, rapporte l’ANSM, deux cas graves d’intoxication ont été signalés suite à l’utilisation d’un complément acheté sur Internet, dont chaque goutte contenait 10 000 UI (unité internationale, soit 0,025 microgramme) de vitamine D. La dose journalière recommandée chez les enfants sans problème de santé est de… 400 UI. Il est facile de trouver sur Internet, notamment sur les sites des pharmacies en ligne, des flacons affichant sans complexe 1 000 UI. Prudence donc, les arguments misant sur le « naturel », le « végétal » ou encore le foie de morue ne doivent pas endormir la vigilance ni faire oublier les effets indésirables possibles.
Seulement les médicaments avec une autorisation de mise sur le marché
Pour autant, l’apport de vitamine D, à dose adaptée, est indispensable à la bonne croissance des enfants. Afin d’assurer leurs besoins en toute sécurité, l’ANSM conseille de s’en tenir aux médicaments ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM), prescrits par les médecins et délivrés sur ordonnance. Avantage, ces spécialités disposent, contrairement aux compléments alimentaires, d’une notice conçue pour cadrer l’usage quotidien. Trois sont actuellement disponibles sous forme de gouttes pour les plus petits : Adrigyl, Deltius et ZymaD. Il convient de s’assurer avec le médecin qui prescrit que le nombre de gouttes donné correspond bien aux apports recherchés.
L’ANSM veut aussi rassurer les personnes qui se méfient des excipients mis en œuvre dans ces médicaments et qui, pour cette raison, préfèrent les compléments alimentaires, dont la composition paraît plus sûre. Il semble que les médicaments cités ne posent pas de problème sérieux de sécurité. L’Adrigyl peut rebuter à cause de la saccharine (édulcorant puissant soupçonné de perturber le microbiote) ou du butylhydroxytoluène (BHT), que nous estimons tolérable aux doses journalières limites, mais soupçonné d’être un perturbateur endocrinien. Dans ce cas, il est possible de se reporter vers les deux autres spécialités, qui semblent au-dessus de tout soupçon.
Rappelons qu’en dehors de la supplémentation des enfants, la vitamine D n’est pas indispensable. Elle bénéficie d’une très bonne réputation, passant tour à tour pour une vitamine anticancer, anti-ostéoporose, voire anti-Covid. En réalité, les preuves manquent du point de vue scientifique. Son apport n’est recommandé que pour les enfants et les personnes âgées vivant en maison de retraite.