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Vins italiensDes fraudes massives sanctionnées

Une enquête menée sur l’ensemble du territoire italien a conduit les carabiniers à saisir 5 millions de litres de vins frauduleux. Leurs inspections ont révélé de nombreux manquements en termes de méthodes de production, d’hygiène et de traçabilité.

Le succès des vins italiens, en particulier du prosecco, fait-il perdre la tête des producteurs ? La brigade antistupéfiants et de protection de la santé des carabiniers (NAS) a annoncé avoir saisi 5 millions de litres de vin frauduleux après 871 inspections menées entre septembre et novembre 2018 dans tout le pays. 20 % de leurs visites dans des domaines viticoles ont permis de soulever de « graves irrégularités » : non-respect des règles d’hygiène, manque de traçabilité, etc. « L'un des phénomènes les plus préoccupants est celui de l'utilisation de substances interdites dans la fabrication du vin, à commencer par l'ajout de sucre au moût dans le but d'augmenter la teneur en alcool », a expliqué le commandement des carabiniers.

« Les interventions nous ont permis d'identifier 29 entreprises ayant exercé leurs activités dans des conditions de graves déficiences structurelles et sanitaires », ont détaillé les autorités, ce qui a entraîné leur suspension. 14 entreprises ont été renvoyées devant la justice et 162 sanctionnées. 245 amendes administratives ont été prononcées.

Dans la région de Trévise, où est produit le célèbre prosecco, les carabiniers ont découvert d'importantes quantités de moût non enregistrées dont la provenance était inconnue. Ils y ont saisi 69 000 litres de moût, 73 000 tonnes de raisins et 743 000 litres de prosecco sur le point d’être étiqueté « DOCG » (Dénomination d'origine contrôlée et garantie) ou « DOC » (Appellation d’origine contrôlée), l’équivalent italien des AOC (appellation d’origine contrôlée). Trois producteurs de prosecco ont été condamnés pour avoir rajouté du sucre et d'autres additifs interdits dans leurs vins.

Ces pratiques, en particulier l’utilisation de raisins d’origine inconnue, peuvent s’expliquer par l’explosion de la demande en prosecco, qui a pris les producteurs par surprise. Avec des exportations en hausse de 75 % en 15 ans et une production de 600 millions de bouteilles en 2018 (le double de la Champagne sur la même période), le prosecco est devenu l’un des vins mousseux les plus populaires au monde. « Cette augmentation des ventes, cumulée à une ou deux années de vendanges moins abondantes, ont mis les stocks sous pression pendant plusieurs années », décrypte un connaisseur du secteur.

Outre cette tentation de frauder, l’augmentation de la production a un fort impact écologique, selon une étude italienne publiée sur le site de prépublication scientifique bioRxiv. Des chercheurs de l’université de Padoue ont estimé que la zone d’appellation DOCG (215 km² où sont produites 100 millions de bouteilles de prosecco par an) perd chaque année près de 550 000 tonnes de collines. Ils observent que les traditionnelles cultures en terrasse ont laissé place à des vignes plantées directement en pente, pour faciliter la mécanisation. Associée à une disparition des haies et à une baisse du couvert végétal, cette évolution entraîne une fragilisation des sols, lessivés par la pluie.

Viande polonaise frauduleuse : 800 kg exportés vers la France

En plein procès sur la fraude à la viande de cheval, c’est une nouvelle affaire qui tombe fort mal pour l’image de la filière. Mercredi 30 janvier, les services sanitaires polonais ont signalé que 2,7 tonnes de viande de bovins malades, qui n’auraient donc pas dû être commercialisées, ont été exportées vers au moins 12 pays européens (1), dont la France. Sept tonnes supplémentaires ont été écoulées en Pologne même. L’abattoir à l’origine de la fraude aurait été fermé, et une enquête ouverte.

500 kg détruits

En France, quelque 800 kg ont été livrés à « 9 entreprises de négoce », et plus de 500 kg ont déjà été identifiés et détruits, signalait le ministère de l’Agriculture vendredi 1er février. Ce qui laisse encore près de 300 kg non localisés…

Vérifier la mention précise de l’origine

L’UFC-Que Choisir « demande qu’une enquête nationale soit immédiatement diligentée et que soit révélés les marques, produits et numéros de lots des produits éventuellement concernés ». D’ici là, mieux vaut favoriser les plats mentionnant explicitement le pays d’origine, et non un vague « UE ».

Elsa Casalegno

(1) Estonie, Finlande, France, Allemagne, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Espagne et Suède.

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