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Florence Humbert
De nouvelles règles définies par la Commission européenne vont encadrer la production du vin bio. Une vraie avancée tant les pratiques étaient différentes pour bénéficier de l’appellation « vin biologique ». Mais en l‘état, la nouvelle réglementation n’empêchera pas les abus, voire les dérives.
Le vin « bio » a enfin une existence officielle. Après 8 ans d’âpres discussions, les experts du comité permanent de l’agriculture biologique de l’Union européenne se sont mis d’accord sur les pratiques œnologiques à respecter pour pouvoir écrire « vin biologique » sur l’étiquette des bouteilles. Cette nouvelle réglementation (applicable dès la récolte 2012) met ainsi un terme à une anomalie : jusqu’ici, seuls les raisins pouvant être certifiés AB, rien n’interdisait aux producteurs de recourir ensuite à tous les artifices de la vinification industrielle. Une tromperie pour le consommateur qui croyait acheter un vin plus sain que son homologue conventionnel.
Va-t-on donc enfin pouvoir boire un vin « bio » digne de ce nom, autrement dit élaboré dans un esprit vivant et respectueux de la nature ? Pas si sûr car, en dépit de quelques restrictions (interdiction d’utiliser de l’acide ascorbique, de désulfurer, etc.), l’arsenal œnologique mis à la disposition des vignerons « biologiques » reste très large. Il en va de même pour le dosage maximal des sulfites pouvant être ajoutés pendant la vinification comme antiseptique et antioxydant. Certes, la teneur en dioxyde de souffre devra être inférieure d’au moins 30 à 50 mg par litre par rapport à son équivalent traditionnel (en fonction de la teneur en sucre résiduel). Par exemple, pour les liquoreux, la barre est fixée à 230 mg, au lieu des 280 mg en conventionnel. Mais ces quantités restent élevées et ne suffisent pas à éviter le mal de tête consécutif à l’absorption (même modérée) de ces boissons !
Le rang des dissidents qui s’opposent au formatage des goûts par l’œnologie moderne et tentent de favoriser l’expression naturelle du raisin grossit d’années en années. Certains se regroupent sous des bannières communes, comme par exemple l’association Renaissance des Appellations, Démeter, Biodyvin, ou Vinabio en Alsace. Mais ces mouvements restent trop dispersés et le consommateur a du mal à s’y reconnaître. À quand un cahier des charges européen qui officialiserait enfin ces vins « naturels » ?
Florence Humbert
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