Anne-Sophie Stamane
Un outil pour évaluer votre devis
Pour une même correction, les écarts de prix des verres peuvent être considérables. L’UFC-Que Choisir ouvre un « comparateur » qui permet de savoir, sans courir chez tous les opticiens de la ville, si un devis est excessif ou pas.
Environ 16 millions de Français portent des verres progressifs, pour corriger, en plus de la myopie ou de l’hypermétropie, la presbytie, inévitable avec l’âge. Pour ce type de correction, en raison du prix élevé des verres, il faut débourser, en moyenne avec la monture, 613 €, selon l’assurance maladie. Malgré la prise en charge par la complémentaire santé, l’utilisateur en est, à l’arrivée, pour 348 € de sa poche. Mais la facture peut être bien plus salée. Car les écarts de prix sont, en fonction de l’opticien, considérables. Une visite, avec la même ordonnance, dans cinq enseignes d’optique du XIe arrondissement de Paris, nous a donné l’occasion de le vérifier. Optical Center nous a proposé 160 € par verre, Optique 2000 et Afflelou autour de 250 €, quand deux opticiens indépendants sont allés jusqu’à 330 € par verre ! Du simple au double pour une correction identique, la différence est phénoménale ! Et elle ne peut se justifier par une qualité ou une génération de verre supérieures. Chez chaque opticien, nous avons demandé exactement le même produit, d’une marque connue et d’une gamme précise, traité avec les mêmes amincissements et antireflets. Même si l’équipement pèse moins dans le budget, avec un reste à charge moyen de 130 €, les porteurs de verres unifocaux (myopie, hypermétropie) ne sont pas épargnés par ces distorsions commerciales. À prescription identique, et qualité de verre équivalente, nous avons relevé un écart allant jusqu’à 20 € par verre.
Ces deux exemples montrent à quel point il est important de s’informer avant de choisir un équipement optique. Tel est l’objectif de l’outil que l’UFC-Que Choisir met à disposition de ses lecteurs. Il peut s’utiliser de deux façons.
Cherchez le meilleur prix
Si vous avez une ordonnance et que vous ne vous êtes pas encore rendu chez l’opticien, il vous donne, à partir de la correction prescrite par l’ophtalmologiste, une idée des prix qui se pratiquent pour les verres. Vous les aurez en tête lorsque l’opticien vous tendra son devis.
Autre option : vous avez déjà un devis, et vous vous demandez si vous avez obtenu un bon prix. Notre « comparateur » vous permet de le savoir. Ensuite, à vous de décider si vous donnez votre accord à l’opticien pour réaliser les verres, ou si vous avez plutôt intérêt à rendre visite à ses concurrents !
En France, faire jouer la concurrence n’est pas un réflexe courant chez les porteurs de lunettes. Plusieurs raisons à cela. L’attachement à un professionnel à l’écoute, ayant par le passé prodigué des conseils de qualité et qui fournit un bon service après-vente, peut faire passer le coût des lunettes au second plan. Surtout si la complémentaire prend largement en charge son coût. Attention toutefois : la réglementation s’est durcie, les complémentaires santé n’ont plus les coudées aussi franches qu’auparavant. Elles doivent désormais limiter les remboursements en optique.
Vous n’êtes pas marié avec votre opticien !
Le critère esthétique a également un impact. Il est de coutume de faire réaliser les verres dans l’enseigne où on a trouvé la monture qui convient. En magasin, tout est fait pour que cela se passe ainsi, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’optique sur Internet peine à décoller. Sachez cependant qu’il n’y a rien d’aberrant à d’abord s’enquérir du prix des verres, et à choisir ensuite une monture. À l’inverse, si vous trouvez une jolie monture chez un opticien qui facture ses verres très cher, rien ne vous empêche d’en prendre les références, et d’aller voir chez un concurrent meilleur marché s’il l’a en magasin. Ou s’il peut la commander. Pour une marque répandue, cela ne devrait pas poser de problème.
Chez l’opticien
- Demandez le prix des verres avant de choisir la monture.
- Une fois l’ensemble choisi, exigez un devis imprimé.
- Si l’opticien vous demande combien votre complémentaire rembourse, dites-lui que vous n’en avez pas.
- Précisez que vous avez déjà d’autres devis, ou que vous avez l’intention d’aller en faire établir un ailleurs.
- Si votre complémentaire appartient à un réseau (Santéclair, Carte Blanche, etc.) qui a négocié des prix maximaux, adressez-vous de préférence aux opticiens partenaires.
Mode d’emploi de notre comparateur
- L’internaute renseigne sa correction optique (sphère, cylindre, axe, addition).
- Il accède alors à la fourchette des prix observés chez les opticiens par 34 organismes de complémentaires santé (mutuelles, instituts de prévoyance, assureurs).
- Les comparaisons sont établies sur une base de 215 000 demandes de prise en charge collectées en 2016 et 2017 auprès des organismes.
- Pour chaque verre, sont indiqués le coût médian, les tarifs correspondants aux 20 % des demandes de prise en charge les moins chères et aux 20 % les plus chères.
- Notre « comparateur » prend en compte l’âge du patient et les paramètres chiffrés de correction (hypermétropie, myopie, astigmatisme, presbytie). En fonction du degré de correction, il intègre la nécessité d’amincir le verre et le coût du traitement amincissant.
- Pour les verres progressifs, pour lesquels plusieurs générations de verre coexistent, les résultats sont présentés sous deux onglets : verres de milieu de gamme et haut de gamme.
Sandrine Girollet
Observatoire de la consommation