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Vélos en libre-serviceGobee.bike jette l’éponge

Quatre petits mois et puis s’en va. La société de vélos en libre-service Gobee.bike, qui avait déployé en novembre sa flotte de vélos à Lille, Lyon, Paris et Reims, a annoncé le 24 février qu’elle se retirait du marché français. Elle justifie sa décision par le trop grand nombre de vols et d’actes de vandalisme.

Fin de partie pour Gobee.bike en France. La société originaire de Hong-Kong était l’un des opérateurs de vélos en « free floating » (c’est-à-dire sans point d’attache, contrairement aux offres fonctionnant sur bornes comme Vélib’ en Île-de-France, Vélov à Lyon ou V’Lille) ayant décidé de se lancer dans plusieurs villes françaises au dernier trimestre 2017.

En novembre, elle avait installé plusieurs milliers de vélos vert pomme à Paris, Lyon, Lille et Reims. Deux mois plus tard, elle annonçait son retrait de ces deux dernières villes, ainsi qu'à Bruxelles : « Le vandalisme et les dégâts causés à notre flotte ont atteint des limites que nous ne pouvons plus surmonter (...) Nous ne pouvons plus supporter ni le coût financier ni le coût moral des réparations », écrivait-elle à l’époque. Selon les observations du journal local L’Union, 380 des 400 vélos Gobee.bike déployés à Reims étaient hors d’usage, volés ou saccagés, en à peine un mois.

Le samedi 24 février, elle a annoncé qu’elle se retirait aussi de Paris et de Lyon et cessait toute activité en France. Elle dénonce « des actes de vols, recels de vol et de détériorations qui n’ont fait que s’amplifier, devenant le nouveau passe-temps d’individus, le plus souvent mineurs, encouragés par des contenus largement diffusés et partagés sur les réseaux sociaux ».

La société a recensé 3 200 vélos dégradés en France, plus d’un millier volés ou « privatisés », 280 plaintes enregistrées auprès de la police et plus de 6 000 interventions réalisées par ses agents de réparation.

Des vélos pour les associations

Gobee.bike annonce avoir lancé le remboursement de la caution versée par les usagers (15 €) et de leur crédit d’utilisation. Le remboursement doit apparaître sous 10 jours ouvrés sur le compte bancaire ayant servi lors de l’inscription.

La société a tâché de récupérer l’ensemble de ses vélos. Elle incite les personnes qui repéreraient un de ses vélos oubliés à contacter les associations Tous pour un vélo, un vélo pour tous, Temps Libre et Pro2Cycle, qui les récupéreront afin de les recycler.

Un phénomène pas limité à la France

Ce retrait du marché français intervient quelques jours seulement après une décision similaire en Italie. Globalement, Gobee.bike précise que 60 % de son parc en Europe a été endommagé ou volé.

Ce fléau n’est ni limité à la France, ni à l’Europe. En septembre, la ville de Baltimore (États-Unis) a suspendu le déploiement de son système de vélos en libre-service avec bornes, quelques semaines seulement après son ouverture, suite aux destructions. À Singapour ou en Chine, outre le vandalisme, les sociétés de vélos en libre-service doivent faire face à un véritable marché noir de vélos volés. À San Francisco, le vandalisme se pare même d’une vertu : il s’agirait, selon les vandales, d’une résistance à la gentrification de la ville…

Interrogés par Que Choisir (lire notre enquête : Vélos en libre-service, pourquoi ça déraille), les autres opérateurs de vélos en free floating parisiens temporisent. « Nous n’avons pas de grosses surprises, le vandalisme n’est pas plus élevé à Paris qu’à Milan ou à Londres et rien n’est hors de contrôle », assure Laurent Kennel, directeur général d’Ofo, qui met en avant la « robustesse » de ses vélos. Même précision du côté de Mobike : « nos vélos sont robustes, conçus pour vivre dans la rue et avoir le moins d’entretien possible », souligne Étienne Hermitte, directeur de Mobike France. Alban Sayag, directeur général d’Obike, ajoute que sa flotte n’est « pas plus vandalisée que les vélos à bornes ». Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle : depuis dix ans, l'équivalent de l'ensemble du parc de Vélib’ (près de 20 000 vélos) était volé ou dégradé chaque année.

Pendant ce temps, Vélib’ patine toujours

Après le lancement catastrophique du nouveau service Vélib’ en Île-de-France le 1er janvier (64 stations étaient disponibles, contre 600 initialement prévues), le nouvel opérateur Smovengo avait abaissé son objectif d’ouvrir 1 400 stations au 31 mars, promettant 1 000 stations. Ce nouvel objectif semble, lui aussi, hors de portée. Le 26 février à 14 h, seules 301 stations étaient ouvertes. La promesse d’ouvrir 60 à 80 stations par semaine à partir du 1er janvier n’a jamais été tenue : 43 ont été ajoutées au service dans la semaine du 19 au 25 février.

En conséquence de l’indisponibilité d’une grande partie du service, les élus du syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole ont réclamé le remboursement des abonnés pour les mois de janvier et février. Ceux-ci pourront faire une demande de remboursement sur le site Velib-metropole.fr, après le vote des élus métropolitains, lors du comité syndical qui se tiendra courant mars.

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