Camille Gruhier
Vélo électrique O2Feel iSwan City Boost 8.1Prise en main d’un vélo tout automatique
Avec le iSwan City Boost 8.1, la marque O2Feel ajoute un vélo électrique urbain haut de gamme aux nombreux modèles déjà disponibles sur le marché. Mais il se distingue de la concurrence par son système de changement automatique de vitesses. Une technologie qui facilite la vie des cyclistes et dessine sans aucun doute le vélo électrique de demain. Premières impressions.
Observer un vélo électrique en dit long sur sa catégorie. Un peu d’entraînement permet même de parier sereinement sur son prix. Pas de fausse note avec le O2Feel iSwan City Boost 8.1, nous sommes bien en présence d’un vélo urbain très haut de gamme. Le fabricant a soigné chacun des composants, des pneus anticrevaison Schwalbe aux poignées ergonomiques Winning, de la selle de marque Selle Royal aux freins à disque hydrauliques Shimano, de la fourche suspendue Suntour au moteur pédalier Shimano. Résultat, un vélo à assistance électrique à 3 799 € (batterie 432 Wh) ou 3 999 € (batterie 540 Wh). Le ton est donné.
Pas de déception à l’usage. La position assise ajoute au confort de ce vélo urbain, solidement équipé pour les trajets quotidiens ‒ garde-boue, porte-bagage Mik HD (1), béquille. Côté électrique, O2Feel a comme d’habitude opté pour un moteur et un afficheur Shimano. Il propose 3 niveaux d’assistance, qu’il faut d’ailleurs relever à chaque redémarrage (par défaut, l’assistance est désactivée quand on éteint le vélo). Le moteur, un Shimano Steps E6100, offre un couple de 60 Nm prodiguant une agilité suffisante. Mais sur ce vélo, la touche de confort indiscutable vient du changement automatique de vitesse.
Un vélo tout automatique
Le iSwan City Boost 8.1 est en effet équipé d’un moyeu Shimano Nexus 5 Di2 (Digital Integrated Intelligence). Ce moyeu, d’abord, intègre la mécanique de transmission. Ce système assez répandu remplace la traditionnelle cassette de vitesses à l’arrière et l’entretien qu’elle exige (graissage, remplacement quand les dents des pignons sont élimées pour éviter de dérailler). Et en remplaçant la chaîne par une courroie (CDX Gates CarbonDrive), O2Feel a aussi éliminé toute nécessité de graisser une chaîne. Le cycliste est libéré des pannes mécaniques liées aux vitesses, et c’est un très bon point !
Ce moyeu à vitesses intégrées, ensuite, est aussi équipé d’un système de changement automatique. Le cycliste n’a plus à se soucier de changer les vitesses, le système sélectionne et engage automatiquement la vitesse optimale en fonction du nombre de rotations du pédalier et de la vitesse du vélo. À l’usage, c’est assez bluffant. Quand le terrain est plat et que le cycliste pédale sans forcer, le système passe sur une vitesse plus résistante. Une fois engagé dans une côte, quelques secondes suffisent pour que le moyeu comprenne que le cycliste a besoin de mouliner davantage. Au besoin, il est possible de changer la vitesse manuellement, comme on le ferait en voiture avec une boîte séquentielle.
À l’arrêt, la vitesse la plus facile est automatiquement engagée afin de faciliter le redémarrage. Le confort dans la pratique du vélo est indéniablement amélioré par ce système, qui donne un sacré coup de vieux aux transmissions classiques.
Vitesse auto : l’avenir du vélo électrique
À y regarder de plus près, il n’y a là rien de très nouveau. O2Feel a intégré la technologie Di2 à sa gamme Swan dès 2017. Shimano la proposait même depuis plusieurs années déjà pour les vélos de route. Mais depuis, le marché du vélo électrique a explosé et le besoin d’aider les cyclistes dans le pilotage s’est fait plus pressant. Nombre d’utilisateurs négligent en effet l’importance de changer les vitesses, préférant (à tort !) jouer sur les niveaux d’assistance du moteur. Or en électrique, forcer sur le pédalage n’est bon ni pour la mécanique, ni pour le moteur. Quand le vélo est équipé d’une chaîne et de pignons, forcer revient à accélérer leur usure. Shimano a même imaginé un type de pignons spécialement conçu pour l’électrique, baptisé LinkGlide, qui offre des dents renforcées et limite les à-coups lors des changements de vitesse. Quant au moteur, il saura d’autant mieux assister le cycliste qu’il n’agit pas sous la contrainte.
L’industrie tend donc à faciliter la vie du cycliste. Et la transmission automatique réalise que la concurrence s’est déjà réveillée. Enviolo a lancé en 2019 son propre système Enviolo AutomatiQ, une transmission automatique à variation continue. Elle est déjà présente chez différentes marques de vélo, comme Tern ou iWeech. Les vélos design, notamment le VanMoof X3, sont déjà équipés aussi. Bafang, l’un des principaux fabricants de moteurs pour vélos électriques, a quant à lui dévoilé l’été dernier son propre moyeu à changement de vitesses automatique. Lui qui s’est fait une place en cassant les prix des moteurs pourrait bien accélérer la transition vers le tout automatique. À moins que Decathlon parvienne à résister à cet assaut chinois. Le géant du sport a en effet présenté tout récemment le LD 920 E, annoncé pour 2023, et qui intègre un système de transmission automatique et un moteur développés par la start-up belge e2Drives.
La prochaine évolution du vélo électrique sera dans la transmission automatique, à n’en pas douter.
(1) Mik HD est un système très répandu de fixation rapide d’accessoires (sacoches, paniers vélo, siège enfant, etc.) sur porte-bagage arrière.