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Vélo électrique

La sécurité des batteries en question

La presse se fait régulièrement l’écho de cas d’explosions et d’incendies liés aux batteries au lithium, de vélos et de trottinettes électriques principalement. Quelle en est l’origine ? Ces dégâts sont-ils si fréquents ? On fait le point.

Les cas d’explosion et d’incendie liés aux batteries de trottinettes et de vélos électriques rythment l’actualité. Dans un immeuble du 20e arrondissement de Paris, en mai dernier, ou à Saint-Chamond (Loire), début janvier, d’après Le Parisien. « Difficile de dénombrer précisément les accidents, mais avec l’essor des vélos et des trottinettes électriques, il est évident qu’ils sont de plus en plus fréquents. À Londres, à New-York, les victimes se comptent déjà par dizaines », constate Michel Gentilleau, expert au sein de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSP).

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Des torchères et un effet missile

Outre la fréquence en hausse des accidents, c’est la fulgurance des dégâts causés qui inquiète. D’abord, parce que les épaisses fumées blanches et noires qui se dégagent immédiatement lors de ces incendies sont très toxiques ; elles contiennent notamment de l’acide chlorhydrique, très destructif pour les tissus de la gorge et de la bouche, susceptible aussi de perforer l’œsophage et l’estomac.

Ensuite, parce que la conception même des batteries, constituées de dizaines de cellules au lithium de forme cylindrique, crée le pire des scénarios. « Lorsque l’incendie se déclenche, les flammes sont souvent de type torchère, très longues. La coque en plastique de la batterie fond rapidement et les cellules sont projetées, en feu, dans un rayon de 7 à 10 mètres. C’est cet effet missile qui explique qu’à l’arrivée des pompiers, l’appartement est déjà ravagé », poursuit Michel Gentilleau.

Toutes les batteries dangereuses ?

Les centaines de milliers de trottinettes et de vélos électriques vendus chaque année seraient-ils autant de bombes à retardement ? « Vu les volumes mis sur le marché, les accidents sont finalement assez rares », rassure Frédéric Hédouin, directeur général de Corepile, l’un des éco-organismes qui gère le recyclage des batteries. Les batteries, c’est vrai, ne s’enflamment pas sans raison. L’immense majorité de celles qui sont vendues en France proviennent de vendeurs sérieux (Bosch, Yamaha, Shimano principalement) qui font appel à des fabricants fiables. « La qualité de l’assemblage des cellules lithium-ion et la bonne gestion du système par le BMS [Battery Management System, c’est-à-dire la carte électronique qui pilote les échanges de courant et assure la gestion de l’énergie, ndlr] sont capitales », explique Michel Gentilleau, feignant à peine l’allusion aux modèles de qualité douteuse vendus notamment au sein de certains kits d’électrification pour vélos. La surcharge électrique, qui peut survenir dans une batterie de mauvaise qualité, est l’une des causes possibles d’un départ de feu. Une source de chaleur externe en est une autre ; une batterie peut par exemple exploser si un incendie a lieu à proximité.

Évitez les chocs !

La troisième cause d’explosion ou d’incendie n’est pas liée à la batterie elle-même, mais au soin qu’on leur porte. « Les batteries lithium renferment de la chimie des métaux, ce sont des produits réactifs qui exigent certaines précautions d’usage », prévient Frédéric Hédouin. Ces batteries sont en effet sensibles aux chocs, qui peuvent provoquer des courts-circuits. Ainsi, une coque percée ou qui a reçu un choc doit éveiller une surveillance particulière.

L’idéal ? Ne jamais laisser échapper ni cogner sa batterie (celles munies d’une poignée sont, sur ce point, plus pratiques que les batteries intégrées au cadre des vélos, qui en sont dépourvues). Et en cas de surchauffe, de déformation (batterie gonflée), d’odeur ou de bruit anormal, cessez de l’utiliser et rapportez-la en magasin. Mieux vaut racheter une batterie… qu’un appartement.​​​​​

Une garantie de 2 ans minimum

La garantie légale de conformité s’applique aux composants électriques des vélos, moteur et batterie. Decathlon, Gitane, Moustache, Kalkhoff, Peugeot Cycles et les autres sont donc tenus d’offrir une garantie de 2 ans. Certains la restreignent avec un nombre maximal de cycles de charge (2 ans ou 600 charges chez Trek Bikes, par exemple). C’est illégal : ce type de restriction ne peut s’appliquer qu’aux garanties commerciales propres aux fabricants, pas à la garantie légale de conformité !

Certains fabricants se démarquent en allant au-delà de leur obligation légale, comme O2Feel, qui propose depuis le 1er janvier 2023 une garantie de 4 ans… ou 40 000 km. Ce qu’il a le droit de faire, mais après les 2 premières années qui sont quoi qu’il arrive couvertes par la garantie légale.

 Attention  La garantie légale de conformité couvre les défauts liés à l’assemblage initial de la batterie, ou un défaut entraînant des pannes dans le cadre d’une utilisation normale, mais pas les chocs liés à son utilisation.

Camille Gruhier

Camille Gruhier

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