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Vélo cargo électriqueQue vaut le vélo cargo « made in Bordeaux » à 2 700 € ?

Jean Fourche, jeune fabricant au nom évocateur installé à Bordeaux, lance la deuxième version de son vélo cargo. Le Jean II, plus robuste, peut transporter 70 kg sur le porte-bagages arrière eu lieu de 35 kg. Vendu 2 690 € (sans accessoires), ce vélo se veut écoresponsable : il est constitué à 85 % de composants d’origine européenne, le cadre est fabriqué au Portugal et le tout est assemblé dans les ateliers bordelais de l’entreprise. Premières impressions.

Les citadins l’ont forcément constaté : le vélo cargo électrique a fait sa place parmi les nouveaux modes de déplacements urbains. Il est plus encombrant qu’un vélo électrique classique, mais se pose en alternative à la voiture grâce à sa capacité à transporter facilement des personnes et des objets. Les jeunes parents, notamment, y voient un moyen pratique et ludique d’emmener les enfants à l’école ou en balade. Ce sont eux que la marque Jean Fourche vise avec son Jean II.

Le Jean II est capable de porter 85 kg de charge utile (15 kg à l’avant, 70 à l’arrière), ce qui permet de véhiculer 2 enfants, 1 adulte, ou plusieurs sacoches.

Un cargo séduisant

Sur le papier, ce vélo est séduisant à plusieurs titres. Son prix, d’abord, de 2 690 €, le place directement face au R500E de Decathlon  et au Nakamura Crossover Longtail d’Intersport, qui sont dans la même gamme de prix. Ses dimensions, ensuite. Avec une longueur de 1,75 m contre 1,85 m (Nakamura) et 2,20 m (Decathlon), le Jean II est plus compact que ses deux concurrents directs. Un argument de taille pour les jeunes parents qui, souvent, craignent pour l’équilibre et la maniabilité de la monture, chargée de leur progéniture. D’autant que la plupart se lancent sans réelle expérience cycliste.

Enfin, Jean Fourche est engagé dans une démarche écoresponsable. Pour le cadre, l’aluminium vient d’Europe, puis extrudé pour former des tubes découpés et soudés à la main au Portugal. Les cadres sont ensuite peints à Latresne (33), avec une peinture en poudre fabriquée à Montbrison (42). Les vélos sont assemblés à Bordeaux. Le moteur et la batterie sont signés Virvolt, une entreprise française qui assemble ses moteurs à Flins, dans les usines de Renault. Elle aussi est d’ailleurs engagée dans une démarche de relocalisation : les composants du moteur sont à 55 % réalisés en France, et le seront à 75 % fin 2026 (en valeur). Mais les batteries, qu’il s’agisse du modèle 540 Wh ou 720 Wh (Jean Fourche propose les deux), viennent d’Asie. Une entorse au « local », mais difficile de faire autrement aujourd’hui.

Le Jean II est peint à Latresne (33) et assemblé à Bordeaux.

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Le prix : 2 690 €… tout nu !

Concernant les autres composants du vélo, Jean Fourche a choisi des roues françaises (Mach 1 Cargo, fabriquées à Saint-Étienne et rayonnées à Saint-Romain-le-Puy) mais a opté pour Shimano, célèbre équipementier nippon, pour la transmission et les freins, et pour Schwalbe, dont la réputation des pneus (anticrevaison sur le Jean II) n’est plus à faire. Au global, le Jean II est un vélo composé d’équipements de qualité. Un bon point pour son prix. Mais il faut préciser que les 2 690 € affichés s’entendent sans aucun équipement (alors que, pour le même tarif, les vélos Decathlon et Intersport sont vendus avec de nombreux accessoires). Chez Jean Fourche, il faudra ajouter 25 € pour des cale-pieds, 50 € pour un panier avant, 300 € pour un « kit bébé » (1 siège bébé + 1 cadre de sécurité) et 355 € pour un « kit enfant » (coussin + cadre de sécurité + pare-jupe). Vous devrez aussi ajouter 150 € pour une batterie plus grande que celle proposée par défaut (720 Wh au lieu de 540) et 30 € pour un antivol de roue, 60 € pour une tige de selle suspendue offrant un peu plus de confort… Au final, le budget dépasse vite la barre des 3 200 € pour un Jean II bien équipé.

Le cadre intègre les porte-bagages avant et arrière, mais tous les autres équipements (cadre de sécurité, coussin, panier avant, etc.) sont vendus en option.

Confort

L’exemplaire prêté par la marque comportait quasiment toutes les options, notamment la selle à tige télescopique. Elle joue bien son rôle d’amortisseur et le vélo s’est avéré assez confortable lors de notre prise en main. Mais difficile d’oublier les pavés et les dos d’âne, à l’approche desquels il vaudra mieux ralentir pour éviter que tout le chargement (enfants compris !) sursaute. Le Jean II est vendu en taille unique, chacun réglera la hauteur de la selle et du guidon à sa convenance. La position droite et le guidon de 63 cm de large assurent une bonne prise en main. Et la béquille double offre la stabilité indispensable pour que les enfants s’installent sans risque de chute ou de bascule.

Le Jean II est proposé en une seule taille, chacun règle la selle et le guidon à sa convenance, sans outil. La béquille double offre une bonne stabilité.

Pilotage

Grâce à sa compacité et à ses petites roues, le Jean II s’avère surtout très maniable. Il se conduit comme n’importe quel vélo, bien qu’il exige une vigilance accrue lorsqu’il est chargé : 1 adulte ou 2 enfants ne se font pas oublier lors des arrêts, maintenir le vélo stable exige des cuisses un peu musclées. Le pilote gardera aussi en tête que, contrairement à lui, les passagers ne peuvent pas anticiper la route et se « préparer » à l’approche d’un dos d’âne ou d’un trou. Heureusement, la transmission (Shimano Altus) est particulièrement confortable, le passage des vitesses souple et le freinage aussi efficace que sécurisant. D’autant que le vélo est équipé de « feux stop » (le feu arrière s’allume quand on freine), comme la loi le permet depuis quelques mois pour prévenir les autres usagers de l’arrêt.

Le freinage est bien dosé et le feu arrière qui s’allume prévient les autres usagers.

Moteur et assistance

Le moteur Virvolt s’avère particulièrement réactif. Son couple de 80 Nm s’inscrit dans la fourchette haute du marché, à mi-chemin entre celui du Decathlon (58 Nm) et celui du Nakamura (100 Nm). Équipé d’un capteur de couple, il est sensible à la pression exercée sur les pédales. L’assistance est ainsi dosée selon le profil du terrain, contrairement aux moteurs équipés de simples capteurs de pédalage qui délivrent une assistance « tout ou rien » (tout quand le cycliste pédale, rien quand il ne pédale pas). Quatre niveaux d’assistance sont proposés, ainsi qu’une fonction Walk Assist pour alléger la charge quand on pousse le vélo. L’afficheur, à gauche sur le guidon, est minimaliste mais suffisant : il indique le mode sélectionné ainsi que le niveau de charge de la batterie.

L’assistance est bien dosée, le moteur nerveux est fabriqué en France.

Le Jean II en résumé

Jean Fourche remporte son pari : le Jean II est compact et maniable, bien équipé, et très agréable au quotidien même pour un usage sans passagers. La variété des accessoires permet de personnaliser le vélo selon ses besoins, et pourquoi pas de l’adapter à mesure que les enfants grandissent. Le prix grimpe vite à mesure qu’on s’équipe, mais la facture finale, bien qu’un peu salée, soutient la démarche de l’entreprise, engagée dans une démarche de relocalisation de l’industrie du cycle.

Jean Fourche, une histoire de copains qui dure

Lorsqu’ils se rencontrent en 2019 à L’Étincelle, l’association de réparation de vélos où ils sont bénévoles, Benoît, Maël et Mathieu partagent une folle envie : celle de créer leur propre vélo, de la manière la plus locale possible, à un prix raisonnable. Seulement voilà, produire en France, pourtant berceau du cycle au xixe siècle, est devenu impossible. À partir des années 1970, la délocalisation vers l’Asie de la fabrication de composants (pédaliers, dérailleurs, moyeux, freins…) et de la production des vélos a coulé l’industrie et éteint le savoir-faire français. Mais les trois copains ne baissent pas les bras et se retroussent les manches, portés par une tendance naissante à la relocalisation du vélo.

De leurs réflexions et visites de potentiels partenaires au Portugal et ailleurs, un premier vélo cargo, mécanique, capable de porter 35 kg à l’arrière, naît en 2020. Ils en vendent une centaine avant de comprendre que l’électrifier est indispensable. En 2022, ils créent leur propre ligne d’assemblage à Bordeaux, puis ils lancent en 2023 le premier Jean électrique : 500 vélos vendus cette année-là, 1 100 en 2024. Les demandes affluent alors pour un vélo plus costaud, capable de porter 2 enfants. Le Jean II voit le jour. Jean Fourche, qui compte désormais 15 salariés, prévoit d’en vendre 1 500 en 2025. Et ses chiffres sont a priori fiables : l’entreprise vend à flux tendu et ne dispose d’aucun stock.

Dans les cartons, un projet d’agrandissement des locaux et un nouveau vélo en projet pour agrandir la gamme. Des rêves à la réalité, il n’y a parfois qu’un pas !

Benoît Maurin, Maël Le Borgne et Mathieu Courtois, les trois copains fondateurs de Jean Fourche.

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Camille Gruhier

Camille Gruhier

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