Roselyne Poznanski
Ce qu’il faut savoir
La campagne de vaccination contre le Covid-19 a débuté le 27 décembre 2020. Les personnes âgées vivant en Ephad ont été les premières à pouvoir être vaccinées. Depuis ce lundi, c’est au tour des plus de 75 ans notamment. Les réponses aux principales questions que vous pouvez vous poser.
Qui peut se faire vacciner ?
La stratégie de vaccination du gouvernement est pour le moment fixée jusque fin janvier. Priorité a été donnée à certains publics : les personnes âgées (vivant en Ephad, en résidence autonomie ou services), handicapées (hébergées dans des établissements spécialisés), les plus de 75 ans vivant à leur domicile ainsi que les professionnels de santé au sens large, pompiers et aides à domicile de plus de 50 ans ou présentant des comorbidités. Les personnes vulnérables, considérées comme étant à très haut risque (personnes transplantées, en cours de traitement par chimiothérapie…) sont également concernées quel que soit leur âge : pour être vaccinées elles doivent toutefois être munies d’une prescription de leur médecin traitant.
En février, si le rythme des vaccinations n’est pas perturbé (bon acheminement des vaccins…), les personnes ayant entre 65 et 74 ans pourront à leur tour se faire vacciner : selon le ministère des Solidarités et de la Santé, cette phase concernera 14 millions de personnes. Dans les mois qui suivent, toutes les personnes de plus de 18 ans devraient en principe pouvoir se faire vacciner.
Comment prendre rendez-vous ?
Par téléphone, après avoir trouvé, sur Santé.fr, les coordonnées téléphoniques des centres de vaccination ouverts, département par département. Il est également possible de composer le 0 800 009 110 (de 6 h à 22 h, 7 jours sur 7) où un serveur vocal oriente les personnes vers le centre le plus proche de leur domicile. Il est également possible de prendre rendez-vous en ligne, via Santé.fr ou via les trois plateformes spécialisées agréés par le ministère : Doctolib, Maiia et KelDoc.
Suis-je sûr d’obtenir un rendez-vous ?
Hélas, non ! La possibilité de se faire vacciner contre le Covid-19 a remporté un tel succès qu’il est à ce jour impossible ou presque d’obtenir un rendez-vous d’ici la mi-février, sachant que cette situation concerne peu ou prou tous les départements. Cette saturation de la demande risque d’être plus problématique encore dans les jours qui viennent. Depuis ce 20 janvier en effet, l’assurance maladie fait parvenir aux personnes de plus de 75 ans un courrier – et non un bon de vaccination – les informant qu’elles peuvent désormais se faire vacciner contre le Covid-19. « Ce dispositif n’est pas superflu, y compris dans le contexte actuel, nous a expliqué le professeur Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale pour conseiller le gouvernement sur la campagne de vaccination en France. Il permet de rassurer les plus de 75 ans sur les prochaines étapes de vaccination. Il permet aussi à chaque centre de planifier et d’organiser au mieux la vaccination. »
Est-il plus facile de se faire vacciner en ville plutôt qu’à la campagne ?
Non. Le gouvernement affirme que l’ouverture de centres de vaccination (800 à ce jour), en métropole comme en outre-mer, a lieu sans favoriser un territoire plutôt qu’un autre. Olivier Véran, le ministre de la Santé, parle ainsi « d’équité territoriale ». La liste des lieux de vaccination (avec adresse et téléphone) est disponible sur Sante.fr. Les personnes éligibles ne sont pas obligées de choisir le centre de vaccination le plus proche de leur domicile.
Quels sont les médecins autorisés à vacciner ?
« Avec les deux vaccins ARN dont nous disposons aujourd’hui, on ne peut pas faire autrement que d’organiser la vaccination au sein de centres dédiés, sous la surveillance d’un médecin entouré une équipe de soignants. Lorsque l’on disposera d'un vaccin qui n’a pas besoin d’être congelé, comme c’est le cas du vaccin Astra-Zeneca, on pourra alors confier progressivement la vaccination aux médecins généralistes puis aux pharmaciens, sous réserve, pour ces derniers, d’une adaptation réglementaire comme cela a été le cas pour le vaccin contre la grippe », souligne le professeur Alain Fischer.
Les décisions de mise sur le marché du vaccin Astra-Zeneca par l’Agence européenne des médicaments (EMA) puis par la Haute Autorité de santé (HAS) au niveau national sont très attendues. Elles devraient intervenir fin janvier. « Cela permettra d’augmenter sérieusement le rythme des vaccinations à partir de la mi-février si la décision de mise sur le marché intervient bien », ajoute-t-il. En attendant, d’ici fin janvier, environ 1 million de personnes devraient être vaccinées.
Faut-il donner son consentement en amont de la vaccination ?
Oui. Le principe d’un « consentement libre et éclairé » de chaque personne est incontournable dans la mesure où les pouvoirs publics ont décidé que la vaccination n’était pas obligatoire. Ce consentement doit être donné oralement, et non par écrit. Il sera toutefois consigné dans le dossier médical de chaque patient ainsi que dans le système d’information de suivi de la vaccination « Vaccin Covid ».
Comment recueillir le consentement d’une personne âgée si elle est incapable d’exprimer clairement sa volonté ?
Si une personne n’est plus en mesure d’exprimer sa volonté, la décision de vacciner ou non revient alors, selon les cas, soit à une personne de confiance, soit à la famille, soit encore à la personne chargée d’assurer sa protection juridique (curateur, tuteur…). Quoi qu’il en soit, dans un avis en date du 18 décembre 2020, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a indiqué qu’il fallait « faire preuve de vigilance dans le processus de recueil du consentement à la vaccination des personnes vulnérables ». Même « dans le régime de protection le plus fort », l’instance recommande de « veiller à faire primer la volonté de la personne, dans la mesure où son état le permet et de ne pas sous-estimer la pression que des tiers pourraient faire peser sur des personnes vulnérables ». Dans tous les cas, et quand bien même la personne qui réside en Ephad est en mesure d’exprimer sa volonté, il faut savoir qu’elle a la possibilité de désigner une personne de confiance pour l’accompagner et participer au recueil de son consentement.
Quelles sont les formalités à respecter le jour de la vaccination ?
Il faut se munir de sa carte d’identité, de sa carte Vitale (à défaut, une attestation de droits est également acceptée) et du numéro d’identifiant (ou bon de vaccination) communiqué lors de la prise de rendez-vous. Il faut ensuite remplir un questionnaire de santé. Celui-ci est destiné à évaluer la situation clinique de chacun et à vérifier l’absence de contre-indication temporaire ou définitive (allergies, infection par le Covid-19 datant de moins de 3 mois, vaccination antigrippale datant de moins de 3 semaines…).
Peut-on choisir un vaccin plutôt qu’un autre ?
Non. Seuls deux vaccins sont actuellement disponibles en France : celui commercialisé par Pfizer-BioNtech sous le nom de Comirnaty et celui du laboratoire Moderna, le Covid-19 Vaccine Moderna. D’autres vaccins pourraient l’être dans les semaines qui viennent, sous réserve de l’agrément de l’Agence européenne du médicament (voir plus haut). Pour autant, il n’est pas possible de choisir soi-même un vaccin plutôt qu’un autre : tout dépend des modalités d’approvisionnement de chaque centre de vaccination. « La répartition des vaccins se fait au moment où ils arrivent. Comme ces 2 vaccins sont identiques, peu importe le centre qui les reçoit. Il est nécessaire d’aller au plus simple et au plus vite », souligne le professeur Alain Fischer.
Peut-on recevoir la première dose d’un vaccin et la seconde d’un autre vaccin ?
Non. Chaque vaccin a sa spécificité et de ce fait, la Haute Autorité de santé a clairement indiqué qu’il n’y avait « pas de données sur l’interchangeabilité des vaccins pour la seconde dose après l’administration de la première dose ». L’apparition de multiples variants (anglais, sud-africain…) très contagieux ne change rien à cette logique pour le moment.
Quand doit intervenir la seconde injection ?
Jusqu’à la fin décembre, le gouvernement communiquait sur un délai de 3 semaines entre la première et la seconde injection. Mais face à l’afflux des demandes de vaccination et face aux annonces de retards de livraison des vaccins par le laboratoire Pfizer-BioNtech, les pouvoirs publics ont décidé de reporter la seconde injection de façon à disposer de davantage de doses de vaccins en première intention. Ce point fait débat chez les scientifiques, certains ayant souligné une « éventuelle perte d’efficacité ». En attendant la seconde injection, qui doit intervenir dans les 6 semaines maximum qui suivent l’administration de la première dose, la stricte observance des gestes barrières et du port du masque reste de mise. Le ministère indique que le délai initial des 3 semaines sera maintenu dans les Ephad.
Est-il conseillé de se faire vacciner si on a déjà eu le Covid-19 ?
S’agissant des personnes ayant déjà développé une forme symptomatique du Covid-19, la Haute Autorité de santé souligne qu'il n'y a pas lieu, à ce stade, de les vacciner systématiquement. L’avis de leur médecin traitant est recommandé. Tout comme un délai d’au moins 3 mois après le début des symptômes pour procéder à la vaccination.