Élisabeth Chesnais
Tri sélectifLa guerre des logos
Mais que fait l’Ademe ? Après 2 ans de consultation et l’organisation de multiples réunions, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie avait fini par adopter un logo unique destiné à identifier facilement les produits et les emballages recyclables. Pourtant Éco-Emballages, organisme privé financé par les industriels, est en train de mettre en place ses nouveaux pictogrammes, en ignorant superbement celui de l’Ademe.
L’idée vient de la loi Grenelle 2 adoptée en juillet 2010. Celle-ci imposait une harmonisation de la signalétique sur le tri à compter du 1er janvier 2012, avec un étiquetage clair et fiable permettant de distinguer les produits et emballages recyclables de ceux qui ne le sont pas. Il s’agissait d’en finir avec l’ambiguïté du point vert, qui crée tant de confusion depuis que le tri sélectif existe, de nombreux consommateurs pensant toujours qu’il signifie « recyclable » alors qu’il indique seulement que l’entreprise verse sa cotisation à Éco-Emballages, même si l’emballage est conçu pour finir en décharge ou à l’incinérateur !
Suite à une vaste concertation, et après avoir été testé auprès de 1 000 consommateurs pour s’assurer de sa pertinence, le logo de l’Ademe a été validé. Le décret qui devait l’imposer était même prêt dès novembre dernier. Mais il n’a pas été signé. À ce jour, il serait en consultation à Bruxelles, alors qu’il devrait être apposé sur les emballages et les produits recyclables depuis le 1er janvier.
L’Ademe prise de vitesse
De son côté, Éco-Emballages propose ses propres pictogrammes de tri à ses adhérents. L’éco-organisme distingue le non-recyclable et le recyclable à sa façon, moins brutale pour les emballages qui finissent à la poubelle. Malgré cela, les professionnels concernés ne se précipitent pas. Sur les 190 milliards d’emballages commercialisés, seuls 2 milliards portent les nouvelles consignes (voir encadré ci-dessous). Pour encourager ses adhérents à les adopter, Éco-Emballages réduit pourtant de 2 % les cotisations des professionnels appliquant cette nouvelle signalétique. Autre problème : l’ambiguïté du point vert persiste. Ce dernier, en effet, va rester présent sur tous les emballages, en complément des nouveaux pictogrammes ajoutés, ce qui ne facilite pas forcément la lecture. D’autant que l’Ademe espère bien imposer son logo de recyclage dans quelques mois, si le décret finit par être signé ! Il n’est pas sûr que cette multiplication de pictogrammes rende vraiment service aux consommateurs.