Audrey Vaugrente
Traitements de l’obésitéVers un remboursement du Wegovy, vraiment ?
La Haute Autorité de santé (HAS) a donné son feu vert pour le remboursement du sémaglutide (Wegovy) comme traitement de l’obésité. Mais quand les patients en bénéficieront-ils ? La réponse est incertaine.
Un traitement de l’obésité va-t-il être remboursé en France ? La Haute Autorité de santé (HAS) y est, en tout cas, favorable. Dans un avis du 4 décembre 2024, elle conclut qu’une prise en charge du sémaglutide (Wegovy) est justifiée pour les personnes dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 35, en cas d’échec de la prise en charge de référence (régime hypocalorique et activité physique). Elle rappelle tout de même que ce médicament doit rester une option de seconde ligne, et conseille que la prescription ne soit initiée que par des médecins spécialistes de l’obésité. Elle souligne aussi l’absence de données sur l’efficacité ou la sécurité du traitement au-delà de 2 ans.
Ça n’est pas la première fois que la HAS rend un avis en ce sens. En 2022 déjà, elle avait donné son feu vert au sémaglutide en cas d’obésité, jugeant que ce médicament apporte un bénéfice important aux patients souffrant d’une obésité sévère (IMC supérieur à 35) ou massive (IMC supérieur à 40). Elle avait aussi conclu que ce médicament n’apportait pas d’amélioration par rapport aux traitements déjà disponibles, limitant ainsi la marge de négociation sur le prix. En cause, le manque d’études montrant un effet sur certaines complications de l’obésité. De tels travaux sont désormais publiés, le fabricant a donc soumis une nouvelle demande.
C’est sur ce point que la HAS révise son jugement : à présent, le sémaglutide est considéré comme apportant une amélioration mineure par rapport aux alternatives. En effet, certaines études ont constaté une meilleure qualité de vie chez les patients souffrant à la fois d’obésité et d’insuffisance cardiaque. D’autres ont montré que le sémaglutide réduit le risque de récidive chez des patients obèses avec des antécédents cardiovasculaires (infarctus du myocarde, AVC, maladie artérielle périphérique). Mais cette réduction reste modeste (20 % en moyenne par rapport au placebo), sans impact sur la mortalité, et ne concerne pas les patients sans antécédents.
Commercialiser le médicament sans remboursement
Prudence, tout de même, car un feu vert de la HAS n’aboutit pas systématiquement à une prise en charge effective. Certains précédents le montrent bien. Autorisé depuis 2014, le Sativex – un médicament à base d’extraits de cannabis – n’est toujours pas distribué, car la négociation sur le prix n’aboutit pas. Dans son avis, la HAS conclut que ce traitement des douleurs liées à la sclérose en plaques n’apporte pas d’amélioration par rapport aux options déjà disponibles. En conséquence, le fabricant ne peut pas exiger un prix de vente supérieur à ces dernières.
Autre issue possible, lorsque les négociations bloquent : distribuer le médicament sans remboursement. C’est le choix qu’ont fait les fabricants du sémaglutide (Wegovy) – après 2 ans de prise en charge dérogatoire – et du tirzépatide (Mounjaro) – après quelques mois d’attente. Les fabricants des nouveaux antimigraineux dits anti-CGRP (érénumab/Aimovig, frémanézumab/Ajovy, etc.) ont aussi opté pour cette voie. Il revient alors aux patients de s’acquitter de la facture, souvent élevée : autour de 250 € par mois pour les antimigraineux, au moins 200 € à 300 € pour les traitements de l’obésité.