Un courtier lourdement condamné
La commission des sanctions de l’Autorité des marchés financiers (AMF) a condamné la société Forex Capital Markets Limited (FXCM) à 200 000 euros d’amende. Une décision contre une société spécialisée dans le trading en ligne suffisamment rare pour être soulignée.
FXCM n’est sûrement pas le pire des acteurs du trading en ligne. Cette société américaine cotée au New York Stock Exchange est agréée en Europe par l’intermédiaire du Royaume-Uni, où elle est présente depuis 1997. Elle fait figure de leader mondial du boursicotage pour les particuliers sur les marchés des changes (Forex). En l’occurrence, l’Autorité des marchés financiers (AMF) lui reproche, non pas ses méthodes internes, mais d’avoir manqué de vigilance dans le choix de ses partenaires. Un contrôle réalisé en février 2014 a montré que FXCM travaillait avec des apporteurs d’affaires qui n’avaient pas d’agrément de gestion de portefeuille pour le compte de tiers. Ces trois apporteurs d’affaires, que l’AMF ne nomme pas, fournissait les clients et passaient des ordres à FXCM pour le compte des particuliers, sans avoir les habilitations pour le faire.
Au total, 113 clients sont concernés. La période litigieuse s’étale sur trois ans, pendant lesquels 83 % de ces 113 traders ont perdu de l’argent (18 000 euros en moyenne). Globalement, « pour quatre euros, c’était cent euros de perdus », a déclaré pendant l’audience devant la commission des sanctions la représentante du collège de l’AMF. Perte totale : 2 millions d’euros. Le ratio perdant/gagnant est à peu près conforme aux conclusions d’une enquête plus vaste rendue publique par l’AMF en octobre 2014. Il en ressortait que neuf traders sur dix perdaient de l’argent.
FXCM est condamné, FXCM a manqué de vigilance, mais les prestataires exotiques à capitaux russo-israéliens basés à Chypre ou à Malte sont infiniment moins recommandables. Ils s’autorisent, par exemple, à spéculer contre leurs clients (à jouer l’euro à la hausse contre le dollar quand les clients parient sur le mouvement inverse, par exemple). Quand ces derniers perdent, c’est la société qui gagne. Et comme il n’y a pas de cours officiels des devises sur le Forex, seulement des transactions de gré à gré, toutes les manipulations sont possibles. Des internautes ayant ainsi perdu de l’argent nous contactent épisodiquement pour nous demander quelles sont les chances de récupérer leur mise. Elles sont nulles ! Les consommateurs qui s’essayent au Forex (ou aux options binaires, aux CFD, etc.) avec un courtier exotique le font à leurs risques et périls, sans possibilités de recours.