Arnaud de Blauwe
TourismeTromperies et mensonges
La cour d’appel de Paris a infligé 10 000 euros d’amende pour publicité mensongère et tromperie à l’ancien PDG du tour-opérateur Switch, Jean-Pascal Gédéon. La société a été depuis mise en liquidation judicaire, et l’une de ses marques phares, Partirpascher.com, a été reprise il y a deux ans par le groupe Karavel. La vente de voyages à bas prix fait l’objet de nombreuses plaintes de consommateurs : cet été, les services de la Répression des fraudes ont placé le secteur dans leur collimateur.
La condamnation le 20 septembre dernier par la cour d’appel de Paris de l’ancien PDG du tour-opérateur Switch, Jean-Pascal Gédéon, à 10 000 euros d’amende pour publicité mensongère et tromperie vient rappeler que tout n’est pas rose dans le monde de la vente de voyages en ligne. La société a depuis été mise en liquidation judicaire, et son site phare Partirpascher.com a été repris par le groupe Karavel en 2008.
En première instance, en 2007, le tribunal correctionnel de Créteil avait eu la main plus lourde en infligeant une amende de 20 000 euros au dirigeant et de 100 000 euros à la société. À l’égard de celle-ci, la décision de la cour d’appel de Paris n’est pas encore disponible.
Switch, qui avait fait des vacances au rabais sa spécialité, faisait l’objet de plaintes régulières de clients. Rats et blattes dans les chambres d’hôtel à Saint-Domingue, piscine sale et cuisine de cantine dans un hôtel trois étoiles en Grèce, une semaine de croisière aux Seychelles avec les toilettes du bateau bouchées : voilà quelques-unes des mésaventures vécues par des consommateurs qui étaient passés par Switch. Une enquête satisfaction publiée par « Que Choisir » en juillet 2008 faisait ressortir d’autres points noirs : accueil à l’aéroport, déroulement du vol, activités, gestion des problèmes…
Offres attractives et… inexistantes
Derrière cette affaire Switch se dessine cette question : les vacances pas chères doivent-elles rimer avec mirage ou séjour raté ? Cet été, les agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont navigué sur divers sites afin de mettre au jour d’éventuelles pratiques douteuses. Et ils n’ont pas été déçus de leur croisière, qui les a conduits à faire escale dans 429 sites ! « Le bilan montre que les offres de “vacances pas chères” donnent lieu à de nombreuses anomalies, note la Répression des fraudes. Les manquements concernent en particulier les offres à prix attractifs qui s’avèrent très difficiles à trouver sur le site, quand elles ne sont pas inexistantes. »
À l’issue de son enquête, la DGCCRF a dressé 8 PV, prononcé 11 mesures administratives et procédé à 79 rappels à la réglementation. Et, comme de coutume, la rentrée a valu à « Que Choisir » son lot de plaintes de consommateurs, furieux de leurs vacances gâchées… Nombre d’entre eux ont ainsi pu constater le gouffre qui peut exister entre ce qui leur avait été promis et ce qu’ils ont découvert une fois sur place. Comme Fabrice G., de Pontault-Combault (77), parti en Tunisie avec sa compagne. Il s’attendait à se baigner dans une piscine à l’eau bleue turquoise. Elle était en fait « polluée » par des feuilles de journaux et colonisée par des têtards !