Boris Cassel
Ce n’est pas sans contrepartie
Certaines entreprises proposent de vous installer des thermostats sans frais. En échange, elles captent des aides publiques.
À quoi bon se ruiner s’il est possible de ne rien dépenser ? C’est sans doute la réflexion que beaucoup de lecteurs se feront en découvrant notre test de thermostats connectés, parfois très chers. Car les publicités vantant l’entière gratuité de ces produits fleurissent sur Internet et dans les transports en commun ! Ces offres émanent aussi bien de petites sociétés que d’entreprises de premier plan dans le secteur de l’énergie et du bâtiment telles qu’Engie, Carrefour Énergies ou le Groupe Verlaine.
Un pied chez vous
À l’origine, ces sociétés ciblaient les personnes se chauffant grâce à des radiateurs électriques. Désormais, elles visent également les propriétaires et les locataires de logements disposant d’un chauffage central. Il leur est proposé un pack complet qui inclut la livraison et la pose d’un thermostat et/ou d’appareils équipant les radiateurs (boîtier de communication pour les électriques, vannes pour les appareils à eau chaude), ainsi qu’une application pour piloter le chauffage. Ces équipements auraient un fort impact sur les factures, certains professionnels évoquant des chutes de consommation de 15 à 25 %. Mais qui paie à l’arrivée ? En fournissant thermostats et objets connectés aux ménages, ces firmes profitent largement des financements publics, en particulier de la prime « Coup de pouce », versée sans condition de ressources. Ces aides peuvent être encaissées directement par l’installateur. « Elles sont déduites sur la facture et le consommateur n’a rien à débourser », explique un porte-parole du Groupe Verlaine, qui ajoute, sans détour, qu’il s’agit aussi d’une « démarche commerciale » permettant à sa société de « mettre un pied chez le client, d’entrer en contact avec lui » afin d’ensuite « lui présenter d’autres produits comme du photovoltaïque ou de l’isolation ».
La température diminuée momentanément
En ce qui concerne les foyers chauffés à l’électrique, la logique est un peu différente. « Nous bénéficions alors d’une double rémunération », indique un autre acteur du secteur. D’une part, en captant le « Coup de pouce » ; d’autre part, en monnayant « l’effacement de consommation ». Ce terme mal connu désigne un mécanisme très simple. L’électricité ne se stocke pas à grande échelle, il faut donc en permanence ajuster l’offre (la production des centrales, éoliennes, etc.) à la demande des entreprises et des particuliers. Pour y arriver, les pouvoirs publics ont notamment mis en place un marché où l’on monétise sa capacité à réduire sa consommation d’électricité à un instant T. Or, quand ils acceptent ces installations « gratuites » chez eux, les ménages consentent à ce que leur chauffage puisse être baissé ponctuellement par la société qui est intervenue ou l’un de ses partenaires. Dans le secteur énergétique aussi, si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit !
Bon à savoir les escrocs ont flairé le filon du thermostat connecté « gratuit ». Les offres bidon abondent sur Internet. Le but ? Dérober vos données personnelles. Ces sites frauduleux sont, pour la plupart, assez simples à repérer. Allez en bas de la page d’accueil, là où figurent d’ordinaire les informations contractuelles obligatoires. S’il n’y a ni conditions générales de vente ni conditions d’utilisation, ou si l’adresse vous semble farfelue, fuyez !