Camille Gruhier
Télévision connectée (vidéo)Mode d’emploi
La plupart des téléviseurs sont désormais connectés à Internet. Ces Smart TV intègrent un accès direct aux applis de contenus payants comme Salto, Netflix ou OCS, permettent de télécharger des applis, intègrent un assistant vocal ou encore le « cast », pour diffuser à l’écran le contenu de son smartphone.
Ils existent depuis plusieurs années mais les chiffres actuels ne laissent plus place au doute : les téléviseurs connectés sont désormais la norme. En 2015, moins d’un téléviseur sur trois vendu en France était connecté. Cinq ans plus tard, cette part a bondi à près de 70 % (3,2 sur 4,64 millions de TV vendues en 2020, selon GfK). Les seuls TV qui échappent encore à cette lame de fond sont les petits modèles d’entrée de gamme.
Des écrans intelligents
Ces téléviseurs peuvent accéder à Internet grâce à une connexion filaire (Ethernet) ou sans fil (Wi-Fi) à votre box. Comme un ordinateur ou un smartphone, ils intègrent un système d’exploitation et une interface de navigation qui permettent d’accéder à des centaines de services et d’applications. Autrement dit, ces écrans devenus intelligents sortent du cadre de la télévision pour s’offrir celui, beaucoup plus large, d’Internet.
En outre, les téléviseurs connectés permettent aussi de « caster » (diffuser) le contenu de son smartphone (Google Cast, Airplay) et intègrent une fonction de reconnaissance vocale pour piloter l’écran avec la voix. La plupart intègrent les assistants vocaux de Google ou Amazon (Alexa) et les recherches sur Internet (météo, résultats sportifs, etc.). Si votre installation domotique le permet, vous pourrez même piloter vos appareils connectés (lumière, lave-linge, etc.) depuis la Smart TV.
Les systèmes d’exploitation : Android, Tizen, WebOS
Android, Tizen et WebOS sont les trois principaux systèmes d’exploitation pour téléviseurs connectés.
Android, développé par Google, est utilisé par différents fabricants, notamment Sony et Philips. Un compte Google est indispensable pour accéder aux services connectés de Google Play. Tizen équipe les téléviseurs de Samsung, et WebOS ceux de LG. La présentation des menus et des fonctions diffère, mais les services proposés sont similaires.
Quels contenus pour ma TV connectée ?
Ces téléviseurs ouvrent la voie à de nouveaux modes de consommation, en plus de la télévision hertzienne (TNT), de l’IPTV (télévision par Internet via le décodeur TV d’Orange, Free, SFR et Bouygues Telecom) et du satellite. Ils s’ouvrent en fait à ce qu’on appelle l’OTT, pour Over The Top : des contenus accessibles directement sur Internet, sans l’intermédiaire d’un opérateur. Netflix, OCS, Apple TV, Disney+, Prime Video, par exemple, sont des contenus OTT. Bien sûr, la box de votre FAI reste indispensable, c’est votre point d’accès à Internet. Les fabricants passent des accords directement avec ces services pour les intégrer à l’interface de leurs téléviseurs (mais l’accès à ces services de SVOD reste conditionné à un abonnement payant !). Ces derniers monnayent même parfois une place de choix sur les télécommandes. Vous pourrez télécharger d’autres services que ceux installés par défaut dans le téléviseur, mais leur disponibilité dépend des accords commerciaux avec les fabricants.
Les applications des grandes chaînes comme Arte, myTF1, M6 Replay ou France Télévisions, qui proposent la télé en direct, les replays et les contenus additionnels à leurs programmes (extraits, bonus, interviews, etc.), ne sont pas toujours proposées. Mais on peut retrouver leurs programmes dans d’autres applis. Molotov, qui agrège les programmes et les replays de toutes les chaînes, s’est imposée dans ce nouveau paysage. Son offre de base (36 chaînes) est gratuite, mais pour profiter de l’étendue de l’appli (plus de 100 chaînes, des films, plusieurs écrans en HD simultanés), il faudra débourser entre 4 et 10 €/mois.
L’offre est sans limites. Vous pourrez télécharger des films, des applications de jeux vidéo (SteamLink, BlackNut), de streaming musical (Deezer, Spotify), de podcasts… On se perd même dans les méandres de contenus : la plupart des applications installées sont inconnues. D’autant que de nombreuses chaînes d’un nouveau genre ont fait leur apparition. L’autre grande tendance en effet, c’est l’AVOD (Advertising video on demand), le streaming financé par la publicité. Certains fabricants intègrent ainsi des dizaines de chaînes thématiques gratuites qui trouvent leur financement auprès d’annonceurs. Ce modèle économique n’a rien d’innovant : il fait vivre TF1, M6 et les autres depuis des dizaines d’années !
Qui dit Internet dit… données personnelles
En s’ouvrant à Internet, les téléviseurs n’échappent malheureusement pas à ses travers. Dès la configuration du téléviseur, vous devrez accepter des conditions générales d’utilisation et de confidentialité. Chaque service vous fera ensuite accepter ses propres conditions. Localisation géographique, recommandations de programmes, recherches sur Internet… Avec une Smart TV, vous allez en dire beaucoup sur vos habitudes. Et toutes ces données alimenteront le business de la publicité ciblée.
Box et décodeur TV, n° 1 dans les foyers français
Une Smart TV permet de se passer d’une box, ou plus précisément du décodeur TV qui l’accompagne (aussi appelé « set-top box », d’où la confusion fréquente avec la « box » qui reste, elle, essentielle : c’est elle qui apporte Internet). Les FAI semblent en avoir conscience mais pour l’instant, seul Bouygues Telecom a clairement réagi. En juin 2020, l’opérateur lançait ainsi l’offre Bbox Smart TV intégrant une appli en guise de décodeur. SFR se contente pour l’instant de subventionner un téléviseur si le client souscrit à une offre triple play classique (sur le modèle des smartphones vendus dans le cadre d’un forfait opérateur). Quant à Orange et à Free, rien n’est prévu à ce jour. Il faut dire qu’en France, la set-top box est reine : elle est confortablement installée dans 78 % des foyers. Et pour l’instant, les utilisateurs épris de Netflix et autres services OTT s’y connectent principalement en passant par leur décodeur TV.