Tarif social mobileLe leurre du social
Après la téléphonie fixe et avant l’accès à Internet haut débit (des forfaits pourraient apparaître à la fin de l’année), les premières offres sociales de téléphonie mobile devraient bientôt voir le jour. État et opérateurs se sont mis d’accord pour lancer des offres destinées aux bénéficiaires des minima sociaux. Celles-ci ne devraient pourtant pas être révolutionnaires.
Six mois qu’ils l’avaient promis. Le ministre de l’Économie numérique Éric Besson et le secrétaire d’État à la consommation Frédéric Lefebvre viennent de signer avec plusieurs opérateurs1 une convention destinée à instaurer un tarif social de téléphonie mobile, à l’image de ce qui se fait sur le téléphone fixe. Les professionnels signataires ont jusqu’à septembre pour ajouter à leur catalogue des offres accessibles aux bénéficiaires des minima sociaux, incluant au moins 40 minutes d’appels et 40 SMS pour 10 euros par mois maximum. Elles seront sans engagement de durée et aucuns frais ne devront être facturés ni lors de l’activation, ni au moment de la résiliation. L’abonné devra par ailleurs être averti lorsque les 10 euros de facturation seront atteints et l’accès bloqué dès 15 euros (avec la possibilité pour le titulaire de demander le déblocage de la ligne).
Sans engagement et sans téléphone
Censées permettre aux plus démunis d’avoir accès à ce moyen de communication essentiel, ces offres sont pourtant loin d’être révolutionnaires. Orange et SFR proposent déjà des formules de ce genre et d’autres opérateurs permettent à tous (bénéficiaires du RSA ou non) de téléphoner 30 minutes pour moins de 5 euros par mois. De son côté, Virgin mobile a d’ores et déjà annoncé le lancement en juin prochain d’un forfait un peu plus fourni (45 min de voix + 50 SMS pour 9,90 euros par mois), lui aussi accessible à tous. Pas sûr, au final, que les plus démunis aient intérêt à opter pour les offres estampillées « Tarif social mobile », et ce d’autant plus que ces offres « sans engagement » sont également « sans téléphone », à charge pour les titulaires de s’en procurer un. Surtout, la formule du forfait qui semble prévaloir n’est pas la plus adaptée aux personnes démunies, qui devront payer chaque mois le prix de leur abonnement même si elles n’utilisent pas leur crédit. Et qu’en sera-t-il lorsque, pour une raison ou une autre, un abonné ne pourra pas payer ces 10 euros pendant 1 ou 2 mois ? Des cartes prépayées avec un tarif à la minute bas et des délais de validité raisonnables (2 ou 3 mois plutôt que 1 ou 2 semaines comme c’est souvent le cas pour les cartes les moins chères) seraient plus adaptées aux besoins des personnes à très faibles revenus.
1. Orange, SFR, Bouygues Telecom, et les opérateurs virtuels Oméa Telecom (Virgin mobile, Breizh mobile, Télé 2 mobile et Casino mobile), Transatel, Coriolis Telecom, Auchan Telecom, NRJ Mobile et Call In Europe (Zéroforfait). Aucune association de consommateur n’a été associée aux débats.