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SurendettementRien de bien neuf

Alors que de nombreux consommateurs tombent dans le surendettement après avoir cumulé des crédits « revolving », la ministre de l'Économie se contente, pour leur venir en aide, de toiletter le fichier des incidents de paiement. Mais promet pour bientôt des mesures sur le crédit.

L'intention de la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, était bonne : prévenir le surendettement s'impose aujourd'hui comme une nécessité impérieuse, puisque entre 700 000 et 1,5 millions de foyers seraient concernés. Mais au bout du compte, les mesures annoncées pour protéger les familles de ce fléau sont bien en-deçà des enjeux. Le gouvernement s'est contenté de retoucher légèrement le fonctionnement du fichier des incidents caractérisés de paiement (FICP). Et a renoncé, dans l'immédiat, à encadrer les crédits « revolving », ces réserves d'argent aisément accessibles par le biais des cartes de fidélité, dont la responsabilité dans les cas de surendettement n'est plus à démontrer.

Concrètement, « afin de faciliter le rebond des personnes ayant connu des difficultés de surendettement », la durée d'inscription au FICP sera réduite. Elle sera dans tous les cas limitée à 5 ans, alors qu'elle peut actuellement atteindre 10 ans pour ceux qui sont engagés dans un plan de remboursement sous la houlette d'une commission de surendettement. L'accès au fichier sera également plus simple : plus besoin de se déplacer à la Banque de France pour savoir si on y figure, il sera possible de se renseigner par courrier ou par Internet. Enfin, le FICP sera mis à jour en temps réel, ce qui évitera aux emprunteurs en difficulté d'accumuler de nouvelles dettes et d'aggraver leur situation entre le premier incident et l'inscription effective au fichier.

Taux d'intérêt de 20 %

Tous ces ajustements vont dans le bon sens, mais, de l'avis unanime des associations de consommateurs, ils ne suffiront pas à juguler le surendettement. Comme le souligne depuis de longues années l'UFC-Que Choisir, s'attaquer au problème suppose d'abord d'éviter le recours, pour couvrir des dépenses courantes, à des crédits inadaptés, en particulier les crédits revolving. Ces derniers, en général adossés à des cartes de fidélité, sont à la fois trop faciles d'accès et extrêmement chers, puisque leur taux d'intérêt flirte souvent avec les 20 %. De ce fait, ils constituent souvent le début d'une spirale infernale pour de nombreux consommateurs. Le ministère assure toutefois que des mesures sont « à l'étude » pour moraliser les pratiques des organismes de crédit.

Total joue sa carte

Personne n'a échappé à la nouvelle tant la campagne publicitaire est intense. Après Intermarché, le pétrolier Total vient de lancer sa propre carte de paiement Visa, qui fonctionne également comme une carte de fidélité, et permet à ce titre de bénéficier de réductions de 3 % lors de l'achat d'essence dans une station Total dès la première utilisation, de 6 % si les achats dépassent 6 000 euros sur 12 mois. La remise de 9 % n'est accessible qu'à ceux qui souscrivent des offres Total. À l'heure où le prix à la pompe flambe, l'offre est tentante. Attention cependant : comme toutes les cartes de ce type qui arrivent sur le marché aujourd'hui, le porteur pourra activer sur demande une réserve d'argent. Avec tous les risques que cela comporte.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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