Super livretsMéfiance

5 % pour le livret BforBank, 4,5 % pour celui de Fortuneo ou d’ING Direct, un « 13^e mois de taux » offert sur le livret de Cortal Consors… Depuis quelques jours, les banques en ligne rivalisent d’offres à taux boostés sur leur super livret afin d’attirer dans leur réseau des épargnants en quête de solutions sécurisées et liquides pour leurs économies. Les sommes placées sur ces livrets, moins limitées en termes de dépôts que celles épargnées sur les livrets réglementés (livret A, LDD, LEP), ont en effet l’avantage, particulièrement appréciable en ces temps d’incertitude financière, d’être disponibles à tout moment. Et nombre de professionnels pronostiquent déjà pour 2011 un record de collecte comparable à celui enregistré en 2008, année où les placements de trésorerie, tous livrets confondus, avaient capté plus des deux tiers des flux d’épargne financière des ménages ! Sûre de son fait, Monabanq va même jusqu’à promouvoir un livret dont le taux augmente en fonction du nombre de souscriptions enregistrées. « Le rendement de départ de 5 % pourra grimper jusqu’à 6 % », précise Monabanq qui se garde bien d’indiquer le nombre de souscripteurs requis pour que ce bonus s’enclenche.

Phénomène nouveau, les guichets traditionnels sont de plus en plus nombreux à emboîter le pas aux banques en ligne. C’est le cas notamment de LCL qui, depuis le 17 septembre, propose un Livret + à 5 %, de la Banque postale (3,75 % jusqu’à fin octobre), du CIC (livret Bienvenue à 4 %). Ou encore de la Société générale qui profite du Mondial de rugby pour promettre à partir du 16 octobre une majoration de 1 point sur le taux d’appel de son livret Épargne Plus (3,15 % jusqu’au 30 novembre) si la France parvient en finale !

Désillusions

Attractives, toutes ces offres doivent cependant être décryptées avec soin avant souscription, si l’on veut s’éviter quelques désillusions à l’arrivée. Ce pour au moins trois raisons.

Tout d’abord, la grande majorité d’entre elles ne concerne que les nouveaux souscripteurs. Les anciens clients devront dans la plupart des cas se contenter du taux en vigueur hors promotion (moins de 2 % pour les comptes sur livrets des grands réseaux et aux alentours de 2,2 % pour ceux des banques en ligne).

Ensuite, les taux promus ne sont valables que pour un montant de versements souvent limité et quelques mois durant (trois le plus souvent). Passé cette période, c’est de nouveau le taux basique qui s’applique, soit à peine 2 % dans la plupart des cas. À noter, Cortal Consors fait exception en garantissant un an durant le taux de 3,25 % actuellement promu sur son livret €.

Enfin, contrairement au taux du livret A (2,25 % depuis le 1^er août) qui est net de toute fiscalité (y compris de prélèvements sociaux), les rendements de ces super livrets sont taxables. Et ils sont systématiquement annoncés bruts, avant prélèvements sociaux (13,5 % depuis ce 1^er octobre) et impôts. Le souscripteur a le choix entre le prélèvement libératoire  forfaitaire (PLF) de 19 % à la source ou l’imposition classique sur le revenu. S’il opte pour le PLF, il devra donc défalquer 32,5 % (19 % + 13,5 %) du taux promu. Ainsi, un client qui place par exemple 10 000 € pendant six mois sur le livret de BforBank qui affiche du 5 % pendant trois mois, ne touchera pas 10 250 € comme une lecture un peu trop rapide pourrait le laisser croire, mais 10 187,50 € bruts (le taux de 5 % s’applique au prorata de la durée d’immobilisation) et 10 126,56 € nets de PLF, soit… 14 € de plus que ce que lui aurait rapporté le livret A à 2,25 % nets sur la même durée !

(1) Avant prélèvements sociaux et impôt.