Camille Gruhier
Sony Xperia XZ3Prise en main
Les performances sans la magie, l’efficacité sans l’innovation… Les uns après les autres, les smartphones de Sony affichent de bons résultats lors de nos tests en laboratoire, mais aucune nouveauté majeure ne les fait sortir du lot. Le dernier-né de la marque, le Sony Xperia XZ3 (799 €), s’inscrit dans cette lignée.
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Depuis quelques semaines, Sony affiche fièrement son nouveau smartphone sur les murs des grandes villes et le fait tourner en boucle sur les écrans publicitaires. L’Xperia XZ3, commercialisé depuis le mois d’octobre, fait l’objet d’une campagne de promotion à l’approche des fêtes de Noël. Vendu 799 €, il succède à l’Xperia XZ2 lancé au début de l’année. À vrai dire, il lui ressemble beaucoup, leurs caractéristiques techniques étant très proches. La principale nouveauté de ce modèle haut de gamme n’est pas immédiatement visible, et pourtant elle est notable : il s’agit du premier smartphone de la marque dont l’écran est basé sur la technologie Oled (et non pas LCD). Plusieurs fabricants, notamment Samsung, précurseur en la matière, et Apple (sur ses iPhone X, iPhone XS et iPhone XS Max) ont déjà adopté cette technologie d’affichage. Sur l’XZ3, le rendu des couleurs est équilibré et l’affichage au niveau des meilleurs smartphones.
Une innovation ergonomique timide (et inutile)
Comme l’Xperia XZ2, l’Xperia XZ3 est constitué d’un alliage d’aluminium et de verre. Il est agréable à prendre en main, d’autant que son châssis est assez étroit (l’écran est au format allongé 18/9). Mais l’appareil est très salissant, en tout cas dans la version bleue que nous avons eue entre les mains. Comme sur l’XZ2, Sony fait l’impasse sur le port jack qui permettait de brancher un casque audio. Le port de chargement, au format USB Type C, est capable de faire passer le son en plus de l’électricité (ce qui n’est pas le cas des habituels ports micro-USB). Sony fournit un adaptateur jack vers USB C pour utiliser n’importe quels écouteurs. Ce fabricant, dont les smartphones sont généralement performants, n’est pas connu pour ses exubérances fonctionnelles. Sur son XZ3, il tente néanmoins une timide innovation ergonomique avec la fonction « détection latérale ». Celle-ci permet d’accéder à l’appareil photo, à Google Maps ou à d’autres applications choisies en tapotant deux fois un bord ou l’autre de l’appareil. L’intérêt est limité, mais au moins la fonction a-t-elle l’avantage d’être très personnalisable. L’utilisateur peut en effet choisir la sensibilité des capteurs latéraux, configurer la fonction sur un seul ou sur les deux bords, l’activer ou la désactiver au sein de chaque application du smartphone.
Pas de double capteur photo
Comme son prédécesseur, l’Xperia XZ3 embarque 64 Go de stockage et un capteur photo de 19 Mpixels. Fait notable, Sony offre un capteur unique à l’arrière alors que les smartphones avec lesquels il prétend rivaliser en embarquent deux. C’est notamment le cas des iPhone X, du Samsung Note 9 ou du OnePlus 6. Un double capteur permet d’améliorer la qualité des photos et de jouer sur la profondeur de champ (pour flouter l’arrière-plan d’un portrait, par exemple ; c’est ce qu’on appelle un effet bokeh). La qualité des photos de l’Xperia XZ3 est-elle pour autant mauvaise ? Non. Comme le montre notre test en laboratoire, le rendu est même plutôt bon. Mais pour obtenir l’effet bokeh, il faudra installer une application tierce depuis le Google Play Store, pour un rendu pas toujours convaincant (du moins avec l’application Bokeh de Sony).
Pour déverrouiller l’Xperia XZ3, il faut saisir un code confidentiel ou miser sur le capteur d’empreinte digitale. Mais ce dernier, situé en plein centre de la façade arrière, ne tombe pas bien sous l’index. Ce faux pas est assez incompréhensible. Non seulement les capteurs d’empreintes sont désormais au point chez la plupart des fabricants, mais en plus Sony semble sourd à l’innovation d’acteurs comme OnePlus qui, sur son tout nouveau 6T (actuellement en cours de test), propose un capteur d’empreinte invisible, intégré à l’écran (et diablement efficace d’après nos premiers constats !).
Des sollicitations commerciales non désirées
Le fabricant semble en revanche sensible aux arguments de certains partenaires commerciaux. Sony reproduit en effet les bonnes vieilles méthodes du monde de l’informatique en nouant des accords avec des éditeurs dont les applications sont mises en avant dès la configuration du smartphone. Lors de la première utilisation, le smartphone suggère en effet une longue liste d’applications, toutes pré-cochées par défaut, à installer sur le smartphone (Booking.com, Amazon, l’antivirus pour mobile AVG Protection, etc.). On se passerait bien de ces sollicitations commerciales ! D’autant que certaines applications, comme Facebook et Netflix, sont de toute façon installées par défaut, comme les indéboulonnables applications de Google. Sur l’Xperia XZ3 comme sur tous les smartphones fonctionnant avec le système d’exploitation Android, développé par Google, les applis Chrome, Gmail, Google Maps ou encore YouTube sont en effet réunies dans un dossier dès la page d’accueil. Mais cette pratique, qui vise à vous rendre accro à l’écosystème Google, devrait bientôt évoluer. Pour se mettre en conformité avec les exigences de la Commission européenne, Google va en effet faire payer Android aux fabricants de smartphones. Ils n’auront donc plus l’obligation d’installer les applis Google dans leurs terminaux.