Anne-Sophie Stamane
Accord trouvé sur le reste à charge
L’Assurance maladie et deux syndicats de dentistes sont arrivés à un accord pour ramener à zéro, après remboursement de la Sécu et de la complémentaire santé, le coût des prothèses dentaires d’entrée de gamme. Un reste à charge modéré, couvrant des soins un peu plus sophistiqués, va également être mis en place.
À partir de 2020, il sera possible de n’avoir aucun reste à charge après la pose d’une couronne, d’un bridge ou d’un dentier. L’Assurance maladie, deux syndicats de dentistes et les représentants des complémentaires santé se sont mis d’accord en fin de semaine dernière pour concrétiser une des promesses de campagne du candidat Macron. Il faut dire qu’en France, le renoncement aux soins dentaires pour raisons financières est une constante préoccupante.
Attention, cependant. Les soins identifiés comme ouvrant droit au reste à charge zéro ne relèveront pas des dernières techniques en vogue, ni du fini esthétique le plus abouti. Par exemple, une couronne destinée à couvrir une dent du fond (2e prémolaires et molaires) devra, pour être totalement prise en charge, être en métal non précieux : elle sera donc non pas de la couleur de la dent, mais d’aspect argenté. Le matériau céramo-métallique, qui permet justement de donner à la dent traitée la même couleur que ses voisines, sera réservée aux dents visibles (incisives, canines et premières prémolaires). Les patients qui souhaiteront, par exemple, une couronne céramo-métallique pour une 2e prémolaire pourront la demander, mais dans le cadre du 2e étage du dispositif, à savoir un reste à charge maîtrisé, appelé « panier reste à charge modéré ». Dans cette configuration, les tarifs sont encadrés, mais le remboursement par la complémentaire n’est pas garanti.
Les deux dispositifs – reste à charge zéro et reste à charge modéré – nécessitant un effort financier sans précédent de la part de la Sécu et des complémentaires, laisser les dentistes libres de pratiquer les tarifs qu’ils veulent comme c’est le cas aujourd’hui n’était pas envisageable. Des plafonds tarifaires vont donc commencer à s’appliquer à partir du 1er avril 2019 pour les actes concernés (lire notre article Prothèses dentaires - Des prix enfin plafonnés !).
Les patients qui préfèrent des techniques et des matériaux dernier cri pourront toujours en bénéficier, mais ils se situeront alors hors du cadre des tarifs plafonnés. Cela correspond en fait à la situation actuelle : le dentiste et le patient devront s’entendre sur un tarif avant les soins, et la complémentaire interviendra selon les termes du contrat.
Si les trois options pour les soins dentaires semblent bien définies, il reste une inconnue de taille : l’évolution des tarifs des complémentaires santé pour les années à venir. En dépit des plafonds, la réforme du reste à charge implique un engagement financier conséquent, qui a toutes les chances de se faire sentir sur le montant des cotisations.