Morgan Bourven
Une vente de Noël indigeste
Depuis l’ouverture des ventes de billets pour la période de Noël, mi-octobre, plusieurs lecteurs nous ont contactés pour dénoncer des tarifs exorbitants et des billets à petits prix introuvables. La SNCF aurait-elle cherché à plumer les usagers désirant passer Noël en famille ? La compagnie se défend, sans convaincre.
« 61 € l’an dernier pour un aller-retour Paris-Strasbourg le 23 décembre, 112 € cette année, en disposant d’une carte week-end, en étant connectée à 6 h 01 ». Céline S. a été l’une des premières à nous contacter, le jour de l’ouverture des ventes de billets pour la période de Noël, afin de dénoncer les tarifs pratiqués par la SNCF. La compagnie avait mené, les jours précédents, une intense campagne promotionnelle pour inciter les voyageurs à se lever tôt pour bénéficier des meilleurs tarifs.
« Ils nous vendent depuis des semaines de soi-disant supers tarifs pour les fêtes, nous font lever à 6 h du mat’ pour en profiter, et au final rien ! Du vent ! C’est une honte », nous écrit Jean de P., de Paris. Et Marie P., vivant à Paris (75) mais dont la famille est à Valence (26), d’enfoncer le clou : « la SNCF a décidé de pratiquer des tarifs volontairement exorbitants en jouant sur le fait que la plupart des Français sont obligés de prendre le train pour espérer rentrer chez eux pour les fêtes de Noël ».
« La SNCF, on le voit une fois de plus, rate rarement une occasion de se rendre impopulaire », a réagi la Fédération des usagers des transports et des services publics, dans un communiqué. Elle a appelé la société à proposer des prix bas à la période de Noël, c’est-à-dire « le 25 décembre, un peu avant, un peu après. Pas du 10 au 22 décembre ».
Sous le feu des critiques, la compagnie a assuré au Figaro qu’il « n'y a absolument pas moins de billets en promotion cette année qu'en 2016, il y a même plus de petits prix ». 33 % de plus, précise-t-elle. Une augmentation obtenue grâce au développement des lignes Ouigo vers Bordeaux, Strasbourg, Rennes et Nantes, qui ont fait passer l’offre de 289 000 à 590 000 billets. Quant aux liaisons TGV, « le chiffre 2017 est le même que 2016 avec la mise en vente de 600 000 billets Prem's en seconde », promet la compagnie.
Les offres les moins chères épuisées en à peine 12 heures
Selon la SNCF, ces billets ont simplement été victimes de leur succès. Sur la journée du 12 octobre, 1,2 million de billets ont été vendus. « Les gens qui se sont réveillés à 6 heures et qui ont réservé ont eu les meilleurs tarifs. Pour ceux qui se sont présentés à 18 heures, les meilleures offres étaient parties », a expliqué fin octobre Guillaume Pépy, président de la SNCF. Une explication qui n’a pas convaincu les internautes, nombreux à avoir dû casser leur tirelire dès le petit matin…
Autre explication avancée par la SNCF : le calendrier. Le vendredi 23 décembre cumule en effet l’inconvénient d’être une veille de week-end (comme en 2016), mais aussi la veille des vacances scolaires (qui débutaient le 17 décembre en 2016). Une concomitance ayant entraîné une ruée vers les billets. Pour preuve, avance la société, il s’est vendu « 34 billets par seconde à l’ouverture de la billetterie ». C’est pourtant moins que le record de 2016 (39 billets par seconde).
S’il faut, avec la SNCF, toujours réserver assez longtemps avant le départ pour obtenir les tarifs les plus intéressants, cette nouvelle polémique montre que la compagnie aurait certainement à gagner à revoir non seulement sa politique tarifaire, qui montre de belles différences selon les trajets, mais aussi la façon dont elle met en vente ses billets à petits prix. Étaler la mise en vente de ses petits prix et mieux communiquer sur leur disponibilité pourrait être une solution pour limiter le nombre de mécontents.