Boris Cassel
SNCFDes augmentations et des restrictions pour les navetteurs
La SNCF vient d’augmenter les tarifs de ses abonnements Max Actif+ et Max Actif de 5 % et 10 %. Il sera, en outre, plus difficile de changer de train à la dernière minute et de monter dans un train complet pour les 20 000 travailleurs navetteurs des TGV et Intercités.
Ils vivent dans une ville, travaillent dans une autre et font la navette en train quotidiennement entre les deux. Mauvaise nouvelle pour ces navetteurs, leurs déplacements en TGV ou Intercités coûtent, depuis quelques jours, plus cher. C’est, tout du moins, le cas de ceux ayant souscrit aux abonnements Max Actif+ et Max Actif qui ont augmenté, respectivement, de 5 % et 10 % au 1er février. Une hausse que la SNCF justifie par le « contexte de très fort développement des usages liés au télétravail ».
L’impact de ces augmentations sur le budget des navetteurs est conséquent. Exemple avec Thomas L., qui habite à Lille (59) et travaille à Paris (75). « Mon abonnement mensuel est passé de 369 € à 406 € le 1er février », détaille ce quadra travaillant dans les nouvelles technologies. « Comme mon employeur prend en charge 50 % de cet abonnement, le surcoût pour mon budget est donc de 18,50 € par mois », calcule-t-il. « Les abonnements Max Actif et Max Actif+ sont financés à la hauteur d’au moins 50 % par les entreprises pour 85 % des clients », assure la SNCF. Un cofinancement des employeurs qui limiterait, au final, l’impact réel de cette hausse sur le budget des voyageurs.
Incitation à souscrire un abonnement 1re classe
D’ailleurs, selon la SNCF, certains abonnés échappent complétement à cette augmentation. Pour bien comprendre, entrons dans le détail de l’offre. En échange du paiement d’un abonnement mensuel (souvent de plusieurs centaines d’euros), quelque 20 000 navetteurs peuvent réserver un très grand nombre de voyages. Plus précisément, l’offre Max Actif ouvre le droit à 250 réservations gratuites pour des déplacements effectués du lundi au jeudi (sur des TGV et Intercités). Dans l’offre Max Actif+, ce sont 450 trajets qui peuvent être réservés chaque année, pour des déplacements tous les jours de la semaine sur les TGV, Intercités et TER. Petite subtilité, les abonnés de ces formules choisissent, lors de leur souscription, d’effectuer tous leurs trajets en 1re ou en 2nde classe. Ce sont, au 1er février, les abonnements de 2nde classe uniquement qui ont été augmentés.
« Nous limitons […] l'augmentation tarifaire aux abonnements valables en 2nde classe, là où les contraintes capacitaires sont les plus fortes », nous a précisé la SNCF. Pourquoi une telle différence de traitement entre les voyageurs de 1re et 2nde classe ? L’explication de la SNCF est pour le moins déroutante : « Pour offrir aux clients la possibilité de souscrire à un abonnement en 1re classe, sans augmentation tarifaire, pour une expérience de voyage la plus agréable. » En résumé, comme l’écart de prix entre la 2nde et la 1re se réduit, les voyageurs de 2nde qui paient désormais plus cher pourraient plus facilement s’offrir un abonnement encore plus onéreux pour voyager en 1re classe…
Quoi qu’il en soit, affirme la compagnie ferroviaire, « le coût du trajet reste très avantageux avec ces abonnements », qui cite un coût par trajet en 2nde classe « à seulement 18 € en moyenne (contre 16,50 € avant la majoration) », soit « très en dessous de ce que paient la plupart des clients (plutôt autour d’environ 45 € en moyenne en 2nde en TGV) ».
Échange garanti plus aussi garanti
Les usagers se sont aussi plaints, sur les réseaux sociaux, d’un durcissement des conditions d’échange des réservations. Or pour ce public de navetteurs, soumis à des aléas professionnels, la flexibilité au quotidien est cruciale. « L’échange garanti », comme le nomme la SNCF, est d’ailleurs l’un des principaux arguments de vente de ces offres. « Vous échangez vos billets gratuitement, même pour des trains complets », promet ainsi la compagnie sur son site Internet. Lorsque les trains sont complets, les navetteurs peuvent en effet monter à bord, à condition d’avoir pris une réservation ne garantissant pas une place assise et donc, au final, de voyager sur un strapontin voire debout au wagon bar.
« À compter du 7 février 2024, conformément à ce qui est indiqué dans nos conditions générales de vente, ce service sera proposé dans la limite d’un nombre de voyageurs supplémentaires sans place assise, permettant de garantir au maximum des conditions de confort et de sécurité optimales à bord du train », indique la SNCF. Des voyageurs vont-ils se voir refuser l’accès à certains trains complets malgré leur « échange garanti » ? « Il est possible qu’en cas de très forte affluence, le nombre de clients bénéficiant du service échange garanti sur train complet soit limité pour préserver la sécurité et la sérénité des voyageurs à bord. Cependant, seulement très peu de trains sont concernés par cette très forte affluence », signale la SNCF, qui invite ses clients à « anticiper un maximum leurs échanges de dernière minute sur ces trains ».
Sans compter que ces modifications de dernière minute deviennent aussi moins simples… Jusqu’ici, les navetteurs pouvaient changer deux fois leurs billets dans la demi-heure précédant le départ du train. Désormais, « seulement un échange est possible ».