Shoppydeals.frLa gérante interdite d'exercer
Majda L. vient d’être condamnée par le tribunal de Paris pour ne pas avoir livré des produits à temps et avoir menacé des clients qui avaient publié des avis négatifs concernant son site, Shoppydeals.fr. Son amateurisme a aussi été percé à jour.
2 500 € d'amende, plus de 7 000 € de dommages et intérêts à verser à 7 victimes et, surtout, 2 ans d'interdiction de gérer une société. La gérante des sites NTStore.fr et Shoppydeals.fr a été condamnée mercredi 4 octobre par le tribunal correctionnel de Paris (cette décision est susceptible d’appel). Ses deux plateformes de commerce en ligne avaient fait parler d’elles entre 2018 et 2020 pour ne pas livrer tous les articles commandés. Plusieurs des clients lésés ont même expliqué avoir appris, une fois la commande passée et le paiement effectué, que l'article était en fait indisponible et avoir eu, en dépit de nombreuses relances, toutes les peines du monde à en obtenir le remboursement.
Plus surprenant encore, certains ont reçu de la part de Majda L. ou de son mari des e-mails insultants, voire des menaces s’ils ne retiraient pas l’avis négatif qu’ils avaient laissé sur Internet. Ainsi, à certains les deux acolytes ont dit qu’ils les poursuivraient en justice ou qu’ils dévoileraient leurs données personnelles s’ils ne supprimaient pas leur commentaire. L’un d’eux a même été traité de « troll raciste et lâche ». À la barre du tribunal, Majda L. ne semble pourtant rien regretter de ses propos, assurant n’avoir fait que répondre à une « campagne de cyberharcèlement » à son encontre. À Que Choisir, on connaît bien cette manière de faire de la part de Majda L. et de son mari. L’article très factuel que nous avions rédigé à l’époque nous avait valu des tombereaux d’insultes délirantes.
Des promesses impossibles à tenir
Devant les juges, la gérante a aussi dû s’expliquer sur l’organisation de sa société. Elle qui n’hésitait pas à la présenter comme une « multinationale » fonctionnant avec des « équipes partout en Europe » a bien dû reconnaître à la barre qu’elle en était en réalité la seule et unique salariée et que tous les services annexes, de la gestion des stocks à l’envoi des colis en passant par le service après-vente, étaient confiés à des sous-traitants. Majda L. se contentait en fait de faire du dropshipping. Elle n’achetait ni n’expédiait aucun produit. Elle ne faisait que prendre les commandes. Tout le reste était pris en charge par une autre société sur laquelle elle n’avait pas la main. Cette manière de faire très répandue n’est pas interdite, à condition de ne pas tromper le consommateur. Or, Majda L. n’hésitait pas à promettre à ses clients une « livraison en 5 jours » ou un « remboursement rapide » alors qu’elle n’avait en aucun cas le pouvoir de tenir ses engagements.
Celle qui se présente comme une femme d’affaire aguerrie travaillant sur plusieurs marchés européens a dû aussi reconnaître une certaine dose d’amateurisme. Ce fut le cas par exemple lorsqu’elle a confié à sa société, sans formalité, la gestion du site Internet qu’elle avait créé en son nom propre, ou alors lorsqu’elle a basculé son site sous le giron de sa société anglaise une fois que sa société française a été placée en liquidation judiciaire. C’est cette légèreté dans l’administration de ses sociétés qui a poussé le tribunal à prononcer une interdiction de gérer de 2 ans. Ainsi que le fait qu’elle compte lancer d’ici la fin de l’année une place de marché en ligne, baptisée elle aussi Shoppydeals.