Yves Martin
Scandale VolkswagenQuid de nos tests de voitures ?
Lors de nos tests de voitures, les modèles du groupe allemand Volkswagen obtiennent régulièrement des résultats honorables, voire bons. Alors que le scandale des moteurs truqués bat son plein et se répand de pays en pays, quelques explications sur notre protocole de test, en particulier sur les critères concernant les émissions polluantes, nous semblent nécessaires.
Pour comprendre l’intérêt de Volkswagen de tricher sur les contrôles antipollution de ses modèles diesels de 2009 à 2015, il faut savoir que le marché américain ne s’est ouvert que récemment aux moteurs Diesel. Ceux-ci sont pourtant plébiscités en Europe, et notamment en France avec, en 2014, 63,85 % des immatriculations (1). Mais, pour vendre un véhicule alimenté au gazole aux États-Unis, surtout en Californie où les normes antipollution sont les plus sévères, les constructeurs devaient proposer des véhicules extrêmement propres, notamment en termes d’émissions de CO2 (monoxyde de carbone) et de NOx (oxyde d’azote). Exigences que les moteurs incriminés ne pouvaient remplir (les moteurs actuels, qui répondent désormais à la norme Euro VI applicable à tous les modèles depuis septembre 2015, sont mieux dépollués). En effet, si les constructeurs de poids lourds ont en partie résolu cette contrainte en dotant leurs véhicules de piège à NOx, l’industrie automobile était un peu à la traîne faute de pouvoir équiper ses voitures de systèmes encombrants et onéreux qui auraient imposé une augmentation du prix de vente. Dès lors, pour vendre ses diesels aux États-Unis, le groupe Volkswagen n’a pas hésité à tricher en trafiquant ses moteurs.
Un logiciel indétectable par manque de transparence
Si nous émettions déjà la – relative – facilité pour un constructeur, ou un équipementier, à modifier le comportement des moteurs lors du passage d’un test de pollution, nous étions loin d’imaginer jusqu’où ils pouvaient aller : l’installation d’un logiciel secret dans le calculateur de gestion moteur. Ce dernier est en effet capable de reconnaître que la voiture est soumise à une mesure de consommation (donc de pollution) car le logiciel prenait en compte plusieurs facteurs (capot ouvert, les roues qui tournent alors que la voiture n’avance pas…). Cette pratique a permis au constructeur de respecter les draconiennes normes antipollution californiennes et d’homologuer ainsi ses véhicules à la vente outre-Atlantique. Autre conséquence de la pratique généralisée chez Volkswagen des moteurs truqués : il est tout à fait probable que ce logiciel intervienne également lors du passage au contrôle technique ou lors d’un passage en atelier.
La consommation pondérée dans nos tests
Ainsi, même les tests que nous réalisons tout au long de l’année n’ont pas non plus permis de dénicher le logiciel espion. Et, étant donné que dans notre protocole de test, le critère de la consommation de carburant ne compte que pour 10 % de la note finale de la voiture, ceci explique que ces modèles du groupe Volkswagen se trouvent en bonne position dans le classement final, comme c’est le cas par exemple pour les voitures citadines. De même, les émissions de NOx sont prises en compte dans la note au niveau de l’item « émission de rejets polluants » qui vaut lui-même également 10 % de la note. Bien d’autres critères interviennent dans notre notation : la qualité de fabrication, l’habitabilité, les volumes de chargement, la visibilité, l’ergonomie, la tenue de route, les performances, etc. Que le constructeur triche sur les émissions de ses modèles n’est pas acceptable, mais cela ne remet pas en cause le fait qu’il fabrique généralement de bonnes voitures, offrant un bon niveau de sécurité. Autant de qualités qui expliquent leur classement lors de nos tests.
(1) Source CCFA, Comité des constructeurs français d’automobiles.